Une bonne fée de la nuit polaire

France Inter
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Elle s’appelle Verena Mohaupt, elle a 37 ans, elle est allemande, et elle n’en revient pas d’être dans la liste établie chaque année par le prestigieux magazine Nature des 10 personnalités qui ont compté pour la science.

Verena Mohaupt est physicienne, mais c’est pour son rôle de coordinatrice et logisticienne de la + grande expédition de l’histoire de recherche en Arctique qu’elle apparait. L’expédition Mosaic, qui a permis à 300 scientifiques d’étudier pendant plus d’1 an entre septembre 2019 et octobre 2020 l’océan, la glace, l’atmosphère bref tout le système climatique de l’Arctique, pendant que Verena Mohaupt veillait sur eux, et c’est aussi ce travail de l’ombre, mais essentiel, que le magazine a voulu mettre en avant.

Alors quel était son rôle exact pendant la mission ?

Faire en sorte que chacun puisse faire son travail en affrontant les pires conditions, et je peux vous dire qu’à parfois seulement 156 km du pôle Nord, il y a de quoi être ultra vigilant : le froid d’abord, presque -40° degrés par moments, avec un ressenti à -58, c’est le plus grand danger d’après Verena Mohaupt, qui prépare absolument tous les équipements. Elle a même élaboré les 2 jours de formation obligatoire pour chaque participant, avec notamment un exercice pour apprendre à sortir très vite de l’eau glacée en cas de chute… car la banquise qui rompt est un autre piège de l’Arctique. Comme les ours polaires, avec qui il n’est pas rare de se retrouver nez à nez, d’ailleurs c’est arrivé plusieurs fois au cours de l’expédition, et c’est Verena Mohaupt qui gère ça aussi, armée d’un fusil en cas de besoin - mais qu’elle n’a encore jamais utilisé. Elle a permis à plusieurs groupes de ne pas paniquer en éloignant l’ours grâce à une sorte de fusée de détresse pour lui faire peur, avant de contacter le brise-glace par radio pour être évacués. “C’est un état d’esprit de rester calme” dit-elle en rigolant... comme de supporter l’isolement et, donc, Nicolas : la nuit polaire. 150 jours d’octobre à mars sans voir la lumière du soleil. Mais là encore la valeureuse allemande en connait un rayon, et prépare psychologiquement les scientifiques.

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Et comment se prépare-t-elle, elle ??

Il lui a fallu 2 ans pour cette mission-là, penser à tout ce dont il y a besoin pour une expédition aussi gigantesque, ça va de l’électricité aux thermos de thé et de chocolat. Penser, tester, en sachant pertinemment que la théorie ne rejoindra pas toujours la pratique, et qu’il faudra s’adapter… Pour le reste, c’est son expérience du grand nord : Verena Mohaupt a déjà passé 18 mois dans une station du Svalbard... mais n’a jamais suivi de cours pour être la vigie polaire qu’elle est devenue, au service de la science. 

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