Une histoire de vieux singes et de vieux sages

Les chimpanzés sont vraiment très proches de nous
Les chimpanzés sont vraiment très proches de nous ©Getty - Fairfax Media
Les chimpanzés sont vraiment très proches de nous ©Getty - Fairfax Media
Les chimpanzés sont vraiment très proches de nous ©Getty - Fairfax Media
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Une histoire de vieux amis, même, comme le titrait il y a quelques jours le magazine Science, avec en Une cette photo qui fait particulièrement du bien par les temps qui courent : 2 chimpanzés en train de se serrer dans les bras l’un de l’autre.

Un beau câlin pour illustrer la découverte d’une équipe de chercheurs d’Harvard, qui a étudié pendant 20 ans, c’est inédit, un groupe de 21 chimpanzés dans le parc national de Kibale en Ouganda : nos plus proches parents, Nicolas, (je rappelle qu’on a 99% d’ADN en commun), nos plus proches parents donc sont comme nous : plus ils vieillissent, plus ils s’entourent d’un tout petit groupe d’amis, un groupe établi de longue date, “old friends” dit le titre en version originale. 

Et comment les chercheurs en sont-ils arrivés à cette conclusion ?

Et bien au cours de leurs 78.000 heures d’observations, ils ont scruté les comportements des différents mâles du groupe, âgés de 15 ans, pour les jeunes adultes, à 58 ans, pour les papys… et pendant que les premiers ont plutôt tendance à chercher des copains dans tous les sens, et de manière superficielle, pour apprendre à chasser, ou même à draguer, les autres, au fur et à mesure qu’ils vieillissent, restent donc de + en + avec leurs semblables, leur petit cercle… Les scientifiques ont vu des groupes de 2, 3 chimpanzés régulièrement s’épouiller, leur façon à eux de s’enlever les parasites bien sûr mais aussi de renforcer les liens… Un épouillage réciproque, et au même moment, preuve d’une confiance et d’une amitié solide. Autre observation, ces vieux singes ne rentrent pas dans les conflits, ils sont moins agressifs, et là ça renvoie à ce qu’on appelle chez nous le “biais de positivité” ou “sélectivité socio-émotionnelle”, c’est-à-dire notre façon d’oublier les tensions et mauvais souvenirs quand on sent la fin approcher en particulier…

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Quels enseignements doit-on en tirer alors ?

C’est là qu’on se gratte un peu la tête parce que les chimpanzés, contrairement à nous, n’auraient pas la notion de finitude, aucune conscience que la mort approche ! Ces comportements pourraient en fait avoir une autre origine, origine biologique, et ça vient donc questionner tout notre fonctionnement à nous, c’est d’ailleurs le but de l’étude : mieux comprendre nos interactions sociales.

Au moment où de + en + de personnes âgées sont isolées et où nous sommes confinés ça prend évidemment une dimension bien particulière, mais la morale de l’histoire est donc claire : rien de tel que les vieux potes et la sérénité, qu’on soit humain, ou chimpanzé. Je vous laisse Nicolas la Une de Science pour méditer.