Anthony Bellanger
La faillite fin juillet de la Banque portugaise Espirito Santo, n’en finit pas de faire des vagues Ce week-end, le journal I, un quotidien national respecté, a publié un article qui devrait faire du bruit. En une, on pouvait lire « l’ex chef de cabinet de Nicolas Sarkozy a encaissé 32,6M€ en vendant des actions de la Banque Espirito Santo ».L’ex chef de cabinet , c’est Xavier Musca. Il a d’abord été Secrétaire général adjoint, puis Secrétaire général de la présidence de la République jusqu’à la fin du mandat de N. Sarkozy. En clair, c’était le plus proche collaborateur du président.En mai 2012, il quitte l’Elysée et entre au Crédit agricole comme Directeur général délégué. C’est dans le cadre de ces fonctions qu’il devient, en novembre 2012, administrateur de la Banque Espirito Santo.En effet, le Crédit Agricole est un des plus gros actionnaires de cette banque portugaise qui est à la fois la première banque privée du pays et aussi une des plus ancienne. Une véritable institution nationale au Portugal.
Jusque là, rien que de très normal Effectivement, rien à signaler jusqu’en mai 2014. Mais entre le 21 et le 26 mai, Xavier Musca vend précipitamment, en 4 fois, près de 36 millions d’actions pour un total de plus de 32M€.Pourquoi tant de précipitation ? Peut-être parce que le 21 mai, le jour de la 1ère vente d’actions, filtre dans la presse un audit sévère pointant des « irrégularités graves dans les comptes d’Espirito Santo (…) portant atteinte à sa réputation ».Ensuite, c’est la descente aux enfers pour la banque portugaise qui fera faillite deux mois plus tard. C’est simple, les actions Espirito Santo valent auj autour de 10 centimes d’€. Xavier Musca a vendu les siennes autour de 1€, 10 fois plus cher !Bon, disons qu’il a eu le nez creux Oui mais il y a plus gênant. Selon la presse portugaise, Xavier Musca a enfreint deux fois la loi bancaire. Au Portugal comme ailleurs, les dirigeants d’une entreprise cotée en bourse doivent déclarer les actions qu’ils détiennent.De plus, ils doivent signaler dans les 5 jours, la vente ou l’achat d’actions au dessus de 5 000€. Or, selon le Journal I, non seulement Xavier Musca n’a jamais déclaré détenir d’actions Espirito Santo, mais en plus il a tardé à signaler cette vente.Pour être plus précis encore, ces ventes d’actions – pour je le rappelle plus de 32M€ - ont été déclarées, certes dans les délais, mais pour le compte du Crédit agricole. A aucun moment, n’apparaît le nom de Xavier Musca.Ce n’est que le 15 juillet, deux mois plus tard, que le Crédit agricole rectifie le tir : ces actions ont bien été vendues pour le compte de Xavier Musca. Or le 15 juillet n’est pas une date anodine : le 16, la banque Espirito Santo faisait faillite.En conclusion, on peut dire que Xavier Musca s’en sort bien. S’il n’avait pas vendu ses actions à temps, elles vaudraient aujourd’hui 10 fois moins. Ce n’est pas le cas de son employeur, le Crédit agricole, qui a provisionné 708 millions d’€ de perte.Enfin, il y a les autorités portugaises qui, toujours selon I, seraient en train de mener l’enquête. Non seulement sur la provenance des quelques 36M d’actions de Xavier Musca mais aussi sur les conditions étranges de leur vente.
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