Trump et son contrat d'exclu

Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie… Me voilà dans les habits de Sœur Anne ce matin. Comme beaucoup d’observateurs, je guette le véritable retour de Donald Trump sur les réseaux sociaux. Il a désormais le droit de réutiliser Twitter, Facebook et Instagram… mais pour l’heure… rien ne se passe. Contrairement à ce qu’écrivait hier le JDD, pas de commentaires incendiaires, rien de délirant et zéro frénésie. Trump joue toujours au grand absent.

Jugez plutôt. Dernier tweet en date, le 8 janvier 2021. Dernière photo sur Instagram le 5 janvier 21 et dernier message sur Facebook le 6 janvier. Il était encore Président. Un message écrit quasiment sous la contrainte de ses conseillers. Trump demandait aux assaillants du Capitol de rester calme et de respecter les forces de l’ordre. Quelques jours plus tard, il se faisait bannir de toutes les plateformes.

Sait-on pourquoi Trump reste silencieux ?

Déjà parce qu’il doit jubiler de notre attente. C’est un as de la communication : il sait que ses premiers messages seront très scrutés, qu’ils vont donner le ton de son retour sur ces médias sociaux. Mais il y a une autre raison, moins tactique cette fois.

Vous le savez peut-être, il existe un autre réseau social où Donald Trump continue de sévir. Truth Social c’est son petit nom : le réseau de la vérité. Truth Social a deux particularités : la première, il appartient à Donald Trump. La seconde, ce même Trump a signé un contrat d’exclusivité avec Truth Social.

C’est-à-dire que tout ce que Trump veut dire sur un réseau, il doit d’abord le poster sur Truth Social puis attendre 6 heures avant de le mettre sur une autre plateforme. Un sacré handicap quand vous avez le tweet frénétique comme l’ancien président. Ce contrat a quand même des exceptions. Il ne concerne pas les messages purement politiques, les levées de fonds ou les appels à aller voter.

Trump est donc pieds et poings liés avec ce Truth Social

C’est une drôle de situation. Ce contrat lui rapporte de l’argent. Mais niveau attention médiatique, c’est peanuts ! Sur Truth Social, Trump est suivi par 5 millions de personnes. C’est 88 millions sur Twitter. Et plus gros problème encore, ces 5 millions, ce sont surtout des fans. On se parle entre conspirationniste et rien n’en sort. Pas de reprise ou presque dans les médias traditionnels comme au temps du Trump tout puissant.

Alors pas le choix. Pour revenir au cœur des débats polémico-médiatico-politiques et espérer reconquérir la Maison Blanche en 2024, Trump doit lâcher Truth Social et refaire parler de lui sur les réseaux sociaux, ceux que tout le monde utilise.

Mais cela risque de prendre du temps car son contrat dure jusqu’au mois de juin et puis ça aura une conséquence : couler Truth Social. Sans Trump et la primeur de ses fulgurances. Le réseau des ultras conservateurs n’aura plus aucune raison d’exister.

Trump va-t-il devoir se conformer à certaines règles ?

Sur Twitter, non. On le sait, pour Elon Musk, c’est liberté d’expression totale. Sur Facebook et Instagram, il y a un cadre. Officiellement en tout cas. Le groupe de Mark Zuckerberg a prévenu qu’il serait vigilant : en cas de violation des règles, son compte pourra être suspendu entre un mois et deux ans.

Autre point plus intéressant : s’il délégitime de futures élections ou s’il fait référence au groupe complotiste de QAnon, ses messages pourront être restreints. Comprendre : Facebook les rendra moins visibles pour le public. Ca c’est pour la note d’intention, on jugera sur pièces. Reste maintenant à savoir quand Trump reviendra et comment.

Le magazine Rolling Stone a eu vent d’une possible mise en scène. Une vidéo où il porterait le costume de… De Superman ! Rien que ça. On verra si la combi bleue et le slip rouge lui vont bien !