À quand la trêve ?

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Quels sont les enseignements de la bataille fratricide pour la tête de l'UMP ?

Par Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine

Dans le psychodrame de l’UMP, on a du mal à discerner si l’un des deux protagonistes, Copé ou Fillon, est en train de prendre l’avantage sur l’autre.

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Je pense qu’il faut distinguer deux registres, celui des hommes et celui des idées.

Du côté des stratégies et des ambitions personnelles, l’avantage va pour l’instant à François Fillon. Lundi soir, à la proclamation des résultats, il était doublement vaincu. D’abord parce qu’il n’était pas élu président, ensuite parce qu’il était tombé de son piédestal. Malgré sa popularité exceptionnelle dans les sondages, malgré son aura d’ancien premier ministre, malgré la dream team qu’il avait constituée autour de lui, il s’était laissé rattraper par l’outsider Copé.

En contestant le résultat de l’élection comme il l’a fait hier, il parvient à briser la dynamique Copé, même si ce n’est pas directement à son profit puisqu’il demande à Alain Juppé de s’installer dans le fauteuil qu’il convoitait pour lui même.

- Mais ce bras de fer n’est-il pas aussi un combat entre deux lignes politiques ?

Oui, et c’est le deuxième registre sur lequel se joue ce psychodrame, celui du positionnement politique. En appelant Alain Juppé à la rescousse pour jouer les juges de paix à la tête de l’UMP, François Fillon envoie allume aussi un contre-feu politique. Jean-François Copé a fait toute sa campagne sur le thème de la « droite décomplexée », avec des prises de position clivantes sur le racisme anti blanc ou la polémique des pains au chocolat.

Ce positionnement n’a pas effrayé les militants UMP, au contraire. Et puis, on l’oublie un peu, mais les militants ont aussi voté pour des motions dimanche dernier. Et la motion arrivée en tête est celle de « la droite forte, » qui revendique son sarkozysme et son ancrage à droite.

Les militants ont placé cette motion largement devant celle de la « droite humaniste » emmenée par Jean-Pierre Raffarin et soutenue par une centaine de parlementaires. Pour faire court, les adhérents de l’UMP ont fait clairement un choix de droite.

En proposant de remplacer Jean-François Copé par Alain Juppé, qui n’a jamais caché son opposition à ce que l’on appelle la ligne Buisson, c’est à dire à la droitisation de l’UMP, François Fillon va à contre-courant du vote des militants et cela risque de poser un problème.

- L’UMP risque-t-il d’imploser ?

Je ne pense pas car en politique, les organisations sont généralement plus solides que les hommes qui les dirigent. A mon avis, l’UMP risque surtout d’être durablement affaiblie par cette histoire.

Quelque soit l’issue, que Copé reste en place ou qu’il abandonne la présidence, le parti n’a plus de leader légitime.

Fillon et Copé se sont démolis l’un l’autre dans cette guerre fratricide.

Au profit de qui ? De Nicolas Sarkozy peut-être, qui peut apparaître comme un recours, mais surtout au profit de François Hollande, qui ne doit pas en revenir de voir le principal parti de l’opposition se mettre lui même hors jeu. Tout cela est assez pitoyable.