Par Marcelo Wesfreid, de l'Express
Savez-vous où sera François Hollande ce samedi? A Tulle, dans son département de la Corrèze! Rendez-vous compte. Le président ne s'est pas encore rendu à Pékin, ni à Tokyo ni à Jérusalem! Mais ce sera son 6e voyage sur ses terres depuis son accession à l’Elysée, il y a dix mois.
Pourquoi un tel besoin ?
C'est très simple Eric, le chef de l'Etat a besoin de respirer, peut-être aussi de fuir un peu Paris. Il étouffe à l'Elysée, où il passe, fonction oblige, le plus clair de son temps. C'est un endroit feutré, coupé des réalités. Au "Château" comme on l'appelle, il y a des conseillers qui n'osent pas dire : "Monsieur le président, vous faites fausse route!" Il y a des courtisans qui vous décrivent plus beau que vous ne l'êtes...
Pour ne rien arranger, François Hollande s'est constitué à l'Elysée un cabinet de technocrates. Le président est un ancien énarque, ancien conseiller à la Cour des Comptes. Cet univers, il faut le rappeler, c'est sa culture.
Le chef de l'Etat tente depuis peu de réagir, d'ouvrir les fenêtres. Pour preuve, on l'a vu avant Noël aller au marché de Rungis, à l'aube, pour une immersion dans la France qui se lève tôt. Il s'est retrouvé au milieu des fleuristes et des bouchers.
On l'a vu, plus récemment, partir à la rencontre des habitants de Dijon, pendant deux jours. Il voulait parler emploi, formation professionnelle. Ne pas se presser, prendre le contrepied de Nicolas Sarkozy, qui avait usé et abusé des déplacements express, de quelques heures.
Le résultat, on s'en souvient, a été un fiasco : le PS avait mobilisé ses militants. La sécurité avait écartée manu militari les malheureux qui voulaient crier leur mécontentement.
Justement, François Hollande a pu s'adresser longuement aux Français qui doutent, jeudi soir, à la télévision.
Oui, en effet, c'était l'occasion de retisser les liens avec cette France qui lui échappe... Mais raté encore! Le chef de l'Etat s'est perdu dans une série de détails hyper-techniques. On avait l'impression qu'il passait d'une fiche à une autre, qu'il les récitait. Fiscalité, budget, défense... C'était le Hollande technocrate qu'on retrouvait à nouveau. Il manquait un souffle, un mouvement.
Alors, ce samedi, à Tulle, Brive et Ussel, il va chercher à se ressourcer parmi les Corréziens. Il participera notamment à une cérémonie de remise de décorations.
Ses détracteurs diront que François Hollande est déboussolé, qu'il n'est pas à la hauteur de sa fonction et que c’est la raison pour laquelle il a besoin de retrouver un cadre qui lui est familier, de se ressourcer.
Quoi qu'il en soit, la Corrèze sera pour lui un bon thermomètre pour sentir les attentes et retrouver le sens du contact qui a fait sa force pendant la présidentielle. D'autant qu'il se déplacera sans ses conseillers.
Et si l'Elysée déménageait en Corrèze?