Par Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine

Parfois, une seule image parle plus fort qu’un long discours. L’image dont je veux vous parler ce matin, qui a été diffusée par le site d’information Atlantico, c’est le mur des cons, un mur de photos qui figure dans les locaux du siège du Syndicat de la magistrature, une organisation connue pour son ancrage à gauche. Le mur recense les principaux ennemis du syndicat. On y retrouve de nombreux responsables politiques, presque tous de droite, mais aussi des syndicalistes policiers, des intellectuels, des journalistes et même des parents de victimes qui ont osé critiquer le laxisme de la justice. Parmi eux, le père de Pascale Escarfail, la jeune fille violée et assassinée par Guy Georges.
Ce syndicat n’est pas un groupuscule marginal. Il a collecté plus de 30% des voix aux dernières élections professionnelles. Cela signifie que si un citoyen français a affaire à la justice, il a presque une chance sur trois de se retrouver en face d’un juge qui se réclame de ce mouvement ultra politisé, qui placarde dans ses locaux la liste de ses adversaires. Qu’on ne vienne pas après cela nous parler de justice impartiale.
- Christiane Taubira, la Garde des sceaux, parle d’une « action malheureuse ». Elle dit aussi qu’il est inadmissible que des individus soient personnellement mis en cause.
Oui mais elle ne condamne pas pour autant le Syndicat de la magistrature. Comme celui-ci est de gauche et qu’il soutient la politique de la Ministre, il bénéficie d’une étonnante impunité. Pas gênée pour un sou, la présidente du Syndicat de la magistrature ose parler d’une « action de potache », comme s’il s’agissait d’une bonne blague.
Mais enfin, ce mur de photos a été découvert au siège du deuxième syndicat de magistrats de notre pays ! Et qu’est-ce que c’est que ce dispositif, sinon une liste noire des personnes à abattre judiciairement, à l’intention des adhérents du syndicat ?
Cette affaire pose une fois de plus le problème de la politisation de la justice française, qui revendique ouvertement son engagement à gauche. Rappelons que le Syndicat de la magistrature a officiellement appelé à voter François Hollande à la dernière présidentielle. Autre exemple : le juge qui a mis en examen Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt avait signé une tribune dans Le Monde critiquant la politique judiciaire de… Nicolas Sarkozy. On notera au passage que ces prises de position sont contraires au devoir de réserve qui s’impose théoriquement à tous les magistrats, mais qu’aucun gouvernement, de droite comme de gauche, n’a le courage de faire respecter.
Cette politisation des juges est une affaire grave parce que certains font passer leur idéologie avant le respect de la loi.
L’institut pour la justice, association qui milite pour la défense des victimes, remarque ainsi qu’au tribunal de Bobigny, où le Syndicat de la magistrature est particulièrement présent, les peines planchers mises en place par Rachida Dati n’ont quasiment jamais été appliquées par les magistrats. Et pendant ce temps là les Français, dans tous les sondages, réclament une justice plus ferme. Cherchez l’erreur…