Projet de Carmen Garrido et Gaëtan Chanteloup

France Inter
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Carmen Garrido est directrice de recherche de classe exceptionnelle au Centre de recherche « Lipides, Nutrition, Cancer » à Dijon. Elle y dirige l’équipe « Protéines de choc thermique : mort cellulaire, différenciation cellulaire et propriétés tumorigéniques ».

La Fondation pour la Recherche Médicale finance la thèse de Gaëtan Chanteloup, dans ce laboratoire. Il travaille sur le cancer du sein et s’intéresse à des sortes de navettes miniatures remplies de molécules qui favorisent la formation de métastases. L’objectif de cette recherche est d’élaborer des méthodes pour dépister précocement l’apparition de ces métastases et de développer de nouvelles thérapies.

Quelle est la fréquence du cancer du sein en France ?

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Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. On estime que près de 60 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France en 2017, et on comptabilise environ 12 000 décès dus à ce cancer la même année. Près d’une femme sur 9 développe un cancer du sein avant 75 ans. La prise en charge s’est nettement améliorée ces dernières années.

Le cancer du sein se soigne donc plutôt bien aujourd’hui ?

Tout dépend du type de cancer, de ses caractéristiques moléculaires, de sa localisation et surtout de l’avancée de la maladie. Aujourd’hui, si on considère l’ensemble des cancers du sein, 87 % des femmes sont en vie 5 ans après le diagnostic, et 76 % 10 ans après. Cependant plus le cancer est détecté tôt, plus le taux de survie est élevé : 99 % des femmes avec un cancer diagnostiqué à un stade précoce sont en vie à 5 ans, contre 27 % pour un cancer métastatique. La détection d’un cancer du sein à un stade précoce permet donc la guérison d’une large majorité des femmes concernées.

Que se passe-t-il lorsque le cancer n’est pas diagnostiqué tôt ?

Au cours de l'évolution de la maladie, certaines cellules tumorales peuvent migrer dans l’organisme, via la circulation sanguine, et vont former des métastases, des nouvelles tumeurs, à distance de leur lieu d’origine. Ces extensions du cancer, une fois installées, sont difficiles à éradiquer. Il est donc important d’acquérir des connaissances fondamentales sur les mécanismes d’apparition des métastases afin de les diagnostiquer précocement, et ainsi mieux prendre en charge les patientes. C’est ce que souhaite entreprendre Gaëtan Chanteloup durant sa thèse.

Vous nous disiez au début de votre chronique que ce chercheur s’intéresse à des sortes de navettes miniatures remplies de molécules pro-cancéreuses. De quoi s’agit-il ?

Toutes les cellules émettent vers l’extérieur des molécules aux actions diverses, via des vésicules de taille minuscule, des sortes de « mini-navettes » appelées exosomes. De nombreuses études montrent que les cellules cancéreuses sécrètent dans le sang des patients une grande quantité d’exosomes. Ils sont produits par les cellules tumorales mammaires, dès leur apparition. Ils contiennent de nombreuses informations propres au cancers, de nombreuses molécules, qui favoriseraient l’apparition de métastases. Les chercheurs ont précédemment identifié une protéine présente à la surface des exosomes tumoraux et absente des vésicules issues de cellules normales : la protéine de stress HSP70. Cette découverte est particulièrement intéressante, car cette protéine permet d’isoler avec précision les vésicules issues de tumeurs, et de les distinguer des vésicules issues de cellules normales. Ce préalable est indispensable pour analyser leur contenu.

En quoi va consister exactement le projet de recherche financé par la Fondation pour la Recherche Médicale ?

Au cours de ce projet, Gaëtan Chanteloup, sous la direction de Carmen Garrido, va mettre en évidence les molécules qui sont contenues dans les nanovésicules dérivées de tumeurs et qui sont impliquées dans l’apparition des métastases. Il s’attachera également à mieux comprendre leur mode d’action. 

Les chercheurs vont utiliser des exosomes issus de prélèvements sanguins de patientes prises en charge en milieu hospitalier, au centre Georges-François Leclerc à Dijon. Ils compareront les différentes molécules entre des personnes atteintes d’une forme métastasique de cancer du sein et des patientes sans métastases, et ce au cours de la progression tumorale. 

L’effet de ces molécules sera également étudié au sein de cellules cancéreuses mammaires en culture. Les chercheurs détermineront si ces molécules favorisent leur multiplication ou leur migration dans l’organisme.

Les chercheurs pensent que cette étude permettra de développer de nouvelles approches pour diagnostiquer précocement l’apparition de métastases et pour suivre la progression tumorale chez les patientes.

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