Le blues des petits soldats du tourisme

Depuis le début de la crise les destinations lointaines ne font plus recette.
Depuis le début de la crise les destinations lointaines ne font plus recette. ©Radio France - Philippe Lefebvre
Depuis le début de la crise les destinations lointaines ne font plus recette. ©Radio France - Philippe Lefebvre
Depuis le début de la crise les destinations lointaines ne font plus recette. ©Radio France - Philippe Lefebvre
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En première ligne, aux premières heures de la crise pour rapatrier leurs clients les agents de voyages constatent aujourd’hui l’absence de voyageurs. Ils font face mais pour combien de temps ?

Quand Sonia Faris vous reçoit à " mon prochain voyage" sa petite agence située à Boulogne Billancourt, c’est avec un large sourire et une tasse d’un café rare. Ici il n’y a plus de catalogues ou d’annonces proposant des  promotions sur des destinations exotiques, mais un simple écran diffuse des images de voyages qui instantanément vous donnent envie de prendre le premier avion pour ailleurs. 

C’est normal, explique-t-elle, car j’organise plutôt  des voyages sur mesure » 

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Et fatalement ce que propose cette professionnelle du tourisme ne se trouve pas dans les catalogues. 

Sonia Faris veut croire à l'avenir de sa profession de marchande de rêve.
Sonia Faris veut croire à l'avenir de sa profession de marchande de rêve.
© Radio France - Philippe Lefebvre

Quand celle qui fut en 2015 distinguée par un journal professionnel comme étant l’un des meilleurs agents de voyage de France évoque aujourd’hui ce qu’est son quotidien depuis mars dernier cela se résume en quelques phrases. 

Il y a tout d’abord eu la période la plus délicate à la fois techniquement et intellectuellement : le rapatriement de ses clients. Au plus fort de la crise avant que les pays se ferment et que les compagnies aériennes clouent leurs avions au sol elle a du organiser depuis son bureau le retour en urgence d’une quinzaine de clients. Un exercice à la fois technique ou elle a du jongler entre les contraintes sanitaires et les disponibilités aériennes et puis psychologique aussi car elle devait expliquer la situation aux clients, qui loin de la France, avaient du mal à comprendre ce qui se passait, que leur voyage allait devoir s’interrompre et qu’ils allaient devoir remonter dans le premier avion pour Paris. 

Mais tous sont rentrés sains et saufs confirme-t-elle encore étonnée d’avoir réalisé toute seule (elle n’est associée à aucun réseau d’agences) ce tour de force.

Depuis le début de la crise les destinations lointaines ne font plus rêver.
Depuis le début de la crise les destinations lointaines ne font plus rêver.
© Radio France - Philippe Lefebvre

Et aujourd’hui derrière son écran ou au téléphone sa réalité n’est guère plus enthousiasmante.  Son quotidien est parfois désespérant : recevoir quelques rares clients, préparer des voyages sur mesure et quelques jours plus tard être obligé de tout annuler parce que tel pays a décidé de refermer ses frontières, parce que les avions manquent ou encore parce que les clients n’arrivent pas à obtenir les résultats de leurs tests pcr dans les délais. 

Et depuis quelques mois, plus un centime ne rentre dans les caisses de son agence, Sonia reconnait même ne plus avoir les moyens de se verser un salaire depuis plusieurs mois.

Pourtant aujourd’hui ce petit soldat du tourisme veut encore y croire. Les gens repartiront en voyage, elle en est persuadé, mais quand ? C’est bien la toute la question. Elle voudrait d’ailleurs comme 4000 de ses collègues rassemblés au sein du   Collectif de Défense des Métiers du Voyage que les autorités françaises fassent preuve d’une plus grande clarté les concernant. En effet comme rétablir la confiance des consommateurs de voyages quand, dénonce t’elle, un premier ministre décrit en début de matinée une situation gravissime et que trois heures plus tard le secrétaire d’état au tourisme incite les français à réserver leurs prochaines vacances.

Heureusement dans la rue commerçante où elle est installée ces clients viennent toujours la voir, pas forcément pour acheter un voyage mais simplement pour la soutenir. Et malgré tout elle imagine un prochain voyage en famille du côté du Panama sa destination de cœur. Et quand face à tant de difficultés vous lui demandez si ce métier l’intéresse toujours sa réponse est claire : 

oui ce métier me fait toujours rêver car je suis une marchande de rêves ! ».

Et aujourd’hui nombreux sont encore les agents de voyages à croire en l’avenir de leur profession malgré les difficultés et la crise du coronavirus.

Pourtant il y a quelques années la profession d’agent de voyage semblait vouée à disparaitre au profit des seules agences en ligne. Mais désormais avec la crise elles  trouvent une nouvelle raison d’être. 

En effet, lorsque le voyage devient incertain, qu’un problème survient et pas simplement lors d’une crise sanitaire l’agence de voyage offre la garantie de veiller sur ses clients mêmes lorsqu’ils sont au bout du monde.

Enfin l’agent de voyage est celui ou celle qui en expert et bien avant le départ nous fera rêver, imaginer nos futures vacances.

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