Ce matin, Fanny Ruwet philosophe sur les avantages des plantes, qui sont quand même beaucoup plus simples à élever que des enfants.
J’ai perdu le contrôle. Je me suis levée à 6 heures un dimanche pour tenter de faire des blagues juste après un sujet sur l’avenir du tourisme, donc déjà de base, ma vie part en vrille.
Mais là je perds particulièrement le contrôle parce que plus l’été avance, plus mon appartement ressemble à une pépinière. J’achète beaucoup trop de plantes.
Des gens ont des obsessions pour les vêtements, les baskets. Ils ne savent pas se contrôler et en achètent tout le temps, moi maintenant j’ai ça pour les ficus. Et c’est un choix. On pourrait croire qu’en tant que saltimbanque, je n’ai pas les moyens d’aimer les baskets, mais c’est même pas ça, c’est juste que les plantes, ça a vraiment plein d’avantages : elles sont belles, elles augmentent la productivité. Certaines se mangent : du basilique, de la ciboulette, de lierre si vous avez envie de mourir
Et elles déculpabilisent. Je suis conscience de mon inutilité dans le monde. J’ai déjà eu tellement la flemme d’aller racheter du lait que j’ai mangé mes Kellogg's avec de l’eau Clairement ma survie est pas nécessaire hein, l’oxygène que je respire est gaspillé. Autant avoir des plantes qui en produisent, qui purifient ce que je gâche.
Et puis surtout, avoir des plantes, ça permet de se responsabiliser. Ou justement, nous faire réaliser qu’on ne devrait jamais avoir la responsabilité de quoi que ce soit de vivant. Parce qu’avoir une plante, ça nous donne un avant-goût de ce que c’est d’avoir un enfant.
Et autant c’est un peu vexant de réaliser qu’un morceau de bois est un meilleur tuteur que nous, autant, en vrai… Pourquoi avoir un bébé quand on peut avoir des tomates cerise ? C’est tellement mieux les tomates cerises : ça n’a jamais le nez qui coule, faut pas l’emmener au concert de Big Flo et Oli, vous ne devez pas plastifier ses cahiers en septembre. Et puis surtout, on ne le répétera jamais assez : un bébé c’est dégueulasse dans une salade. Donc choisissez toujours les tomates cerises.
Autre gros avantage des végétaux par rapport aux enfants : une plante, c’est pas grave si elle ne passe pas l’hiver.
Parce que bon… J’achète frénétiquement des plantes vertes, mais je suis toujours aussi nulle pour les garder en vie. D’ailleurs la vraie raison pour laquelle j’ai autant de plantes, c’est parce que j’anticipe le fait que plein vont mourir. C’est le même principe que les familles nombreuses.
J’ai beau lire des trucs, regarder des tutoriels et tout, je n’arrive pas à les garder en vie. Il y a un cimetière végétal sur le bord de ma terrasse : je suis le Xavier Dupont de Ligonnès de la botanique. Mon appartement, c’est là où vont les plantes et les rêves pour mourir. Mais d’un côté ça me rassure de pas être douée avec les plantes vertes. Parce que j’ai une théorie.
J’ai l’impression qu’avoir beaucoup de végétaux chez soi, c’est un truc de misanthrope. Donc les gens misanthrope, vu qu’ils ont du mal à supporter les gens, ils prennent des plantes. Jusque là je peux comprendre. SAUF que je crois qu’ils font ça aussi parce qu’en jardinant, ils apprennent à manier la terre.
Parce qu’ils savent qu’un jour ils perdront patience avec le genre humain et qu’ils finiront pas détester tellement quelqu’un qu’ils vont le buter et devoir se débarrasser du corps. Et quand tu te retrouves avec un cadavre sur les bras, t’es bien content d’avoir du terreau, une pelle et besoin d’engrais.
J’ai pas beaucoup de certitudes dans la vie, mais un truc que je sais, c’est que si tu sais si tu sais rempoter une monstera, tu sais enterrer un buste.
Donc en résumé : Ne faites pas confiance aux gens qui ont la main verte. Ayez des tomates cerises plutôt que des enfants. Et retournez dormir bordel, c’est dimanche.
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