Les "city-builders" sont un genre à part dans le jeu vidéo, dominé par quelques géants ("Sim City", "Cities Skyline", etc.) qui reprennent toujours la même recette : vous êtes maire d'une ville en plein développement. Mais que se passerait-il si cette ville était la dernière sur Terre, au milieu d'un hiver permanent ?
Je m'excuse par avance : en écoutant cette chronique, vous allez peut-être sentir la température baisser (jusqu'à -20, voire -40°C par exemple). Bienvenue dans "Frostpunk". Bienvenue à la fin du monde. Notre civilisation est morte, enterrée sous d'épaisses couches de neige et de glace, victime d'un changement climatique inverse de celui que nous connaissons aujourd'hui : un hiver sans fin qui a réduit en pièces notre mode de vie.
Dans "Frostpunk", vous jouez le leader d'un petit groupe de survivants, en piteux état mais bien décidés à prendre un nouveau départ. À force de patience, d'efforts, de sacrifices, ils ont réussi à construire, au cœur d'un cratère à l'abri du blizzard, un gigantesque générateur de chaleur, fonctionnant au charbon, faute d'avoir réussi à préserver toute autre technologie. Ce générateur est le cœur de votre future cité, le cœur de la dernière ville de l'humanité.
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Des humains sous la souris
Ce qui surprend dans "Frostpunk", c'est l'intensité de son expérience. Il reprend les bases d'un genre classique du jeu vidéo, le "city builder" (autrement dit des jeux de gestion où vous devez gérer le développement d'une ville, comme dans la célèbre série Sim City), mais parvient à lui donner un souffle épique, d'une ampleur inédite pour un jeu de ce genre. Contrairement à Sim City, vous ne gérez pas une mégalopole peuplée de millions d'anonymes, mais une véritable communauté humaine, dont les espoirs et les souffrances seront intimement liées à vos succès ou à vos échecs. Le plus marquant d'ailleurs, dès les premières minutes de jeu, c'est de s'apercevoir que chacun d'eux a un nom, une histoire, des proches, une famille, tout ça accessible en un simple clic.
De quoi éprouver un sentiment de culpabilité à chaque fois que vous aurez une décision difficile à prendre... Et des décisions difficiles, il n'y a que ça dans ce jeu ! Souvent d'un pragmatisme à la limite du cynisme. Devriez-vous couper le générateur de chaleur de temps en temps pour économiser vos maigres réserves de charbon ? Vos habitants ne pourraient-ils pas travailler 24 heures d'affilée, sans pause, dans une situation d'extrême urgence ? Combien de temps de convalescence peut-on se permettre de laisser à un grand blessé ? Faut-il faire travailler les enfants pour soulager l'ensemble de la ville ?
Un cauchemar fascinant et cruellement actuel
Aucune des solutions proposée n'est totalement la bonne. Toutes sont profondément politiques. Toutes vous vaudront des commentaires désenchantés de vos habitants. Car dans ce monde brutal, au-delà du charbon, du bois, de la nourriture, la ressource la plus importance, c'est l'espoir. Il est constamment affiché, quantifié, presque cyniquement, sous la forme d'un compteur en bas de votre écran.
En creux, "Frostpunk" pose une question cruciale, étrangement proche de préoccupations bien réelles et actuelles : comment assurer la survie de l'espèce tout en préservant aussi ce qui fait notre humanité ou notre société ? La réponse sera différente pour chaque joueur, car elle ne dépend que de votre conscience, que le jeu pousse sans cesse dans ces derniers retranchements. C'est ce qui en fait l'un des cauchemars les plus fascinants du jeu vidéo.
🎮 "FROSTPUNK" - Disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One
Merci à Valérie Cantié, Xavier Demagny, Léa Guedj et Franck Mathevon pour le doublage des voix
Bonus : les premières minutes du jeu en vidéo
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