"Le hijab n'est pas une question d'honneur"

Capture décran de la vidéo cité par Xavier de La Porte, "Iranians Stand Up To Islamist Woman Who's Trying To Force Her Ideology On Others"
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Capture décran de la vidéo cité par Xavier de La Porte, "Iranians Stand Up To Islamist Woman Who's Trying To Force Her Ideology On Others"
Capture décran de la vidéo cité par Xavier de La Porte, "Iranians Stand Up To Islamist Woman Who's Trying To Force Her Ideology On Others"
Capture décran de la vidéo cité par Xavier de La Porte, "Iranians Stand Up To Islamist Woman Who's Trying To Force Her Ideology On Others"
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Par les hasards de la sérendipité, Xavier de la Porte est tombé sur une vidéo iranienne hier, avec deux femmes, l'une voilé et l'autre non. La vidéo dure une minute trente et elle est frappante.

Présentation de la vidéo

On est en Iran, dans le métro (peut-être à Téhéran, mais rien ne l’indique). Deux femmes se disputent. L’une, voilée, agresse verbalement une femme qui n’est pas voilée. 

"Vous n’avez pas d’honneur."

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"Ne me parlez pas mal", répond la femme tête nue. "Vous avez beau porter un voile, vous êtes malpolie. Et si j’ai envie de me promener tête nue, ça n’est pas votre problème." 

Alors la femme voilée interpelle les voyageurs masculins : "Pourquoi vous ne faites rien ? Vous êtes sans honneur." 

Et là, ce qui est étonnant, c’est la réaction des hommes autour. Ils ne prennent pas le parti qu’on attend : ils disent à la femme voilée : "Laissez-la tranquille… L’honneur n’a rien à avoir avec le hijab… L’honneur, c’est de ne pas voler. C’est à cause de vos histoires de voile et de religion que le pays est ruiné depuis 40 ans. Vos maris religieux sont des voleurs, nous, on n’est pas des voleurs…." 

La vidéo dure une minute trente et elle est frappante. 

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Avec cette vidéo, une autre histoire de l'Iran se dessine

Evidemment, c’est dur d’en identifier la provenance, elle a été mise en ligne il y a cinq jours sur une chaîne YouTube du nom de “ Democratic Iran Channel”, mais difficile d’en savoir plus. Et difficile même de savoir, à moins de parler farsi, si ces femmes tiennent vraiment les propos que leur attribuent les sous-titres en anglais. Néanmoins, j’ai une fascination pour ce type de vidéos qui, si on y fait bien attention, surgissent dans les réseaux et nous racontent une autre histoire des pays d’où elles proviennent.

Elles me fascinent précisément parce qu’elles sont incertaines et brutes (tellement plus brutes que les vidéos du site “Brut” qui ne sont pas inintéressantes, mais tout sauf “brut”, parce que très écrites, très montées). Ici, on ne sait pas très bien ce qu’on le voit, mais on le voit. Et sans l’illusion de les comprendre vraiment. En ça, ces vidéos qui nous arrivent de loin et qui nous sont données dans leur brutalité contrastent fortement avec les images d’actu produites par les JT, qui nous sont données avec leur commentaire et prêtes à la consommation. 

Ce qui me fascine, c’est aussi ce qui se dit dans cet échange. S’il est véridique, il offre une plongée dans les tensions d’une société iranienne qu’on a toujours tendance à voir de loin comme monolithique ou presque.

Soudain, il renverse l’image de femmes qui ne sont que soumises à un patriarcat écrasant. C’est contre-intuitif que les hommes présents dans la rame prennent spontanément la défense de la femme non voilée. Qu’est-ce qui pousse ces hommes à réagir comme ça ? Pourquoi la question du voile s’élargit-elle si vite à la corruption des religieux ? La société iranienne en est-elle, du moins dans une grande ville, à ce point d’exaspération ? 

En soulevant toutes ces questions, ce type de contenus auquel il était impossible d’avoir accès avant internet nous met dans une situation active (regarder la vidéo plusieurs fois, chercher la source, essayer de comprendre si elle n’est qu’une simple anecdote ou si elle a un sens plus général). Pour le dire autrement, elle incite tout internaute qui la voit à adopter la position de curiosité qui est celle du journaliste, mais pas seulement du journaliste, position passionnante et risquée.