René Depestre, Bruno Barbey et David Bosc

France Inter
Publicité

René Depestre , pour "Popa Singer" , publié aux Editions Zulma

depeste
depeste
© Radio France

Pour fêter dignement le retour de son fils au pays, Popa Singer, matriarche éclairée et indéboulonnable, armée de sa seule machine à coudre et de son utopie personnelle, est bien résolue à résister à sa manière à l’Ubu Roi des Tropiques, le plus atrocement absurde que les Grandes Antilles aient subi : Duvalier, alias Papa Doc.

Publicité

Popa Singer va raconter l’histoire de ce duel à Jacmel, ville natale de l’auteur, comme García Márquez racontait le Macondo de la famille Buendia dans Cent ans de solitude . Tout le récit tient dans une éloquente dialectique entre la monstruosité aberrante de Papa Doc et cette « maman-bobine de fil » qui « fera planer son cerf-volant enchanté dans l’azur féminin de l’histoire, en mère nourricière, ravie d’alimenter en brins de toute beauté la machine Singer à coudre les beaux draps d’un réel-merveilleux germano-haïtien. » La fantaisie rabelaisienne se propage en nomenclatures fantasques qui sont en soi des morceaux de bravoure dignes du Mangeclous d’Albert Cohen.

S’il témoigne avec une joyeuse férocité de l’épouvantable caprice du président à vie, le romancier des enjouements amoureux, styliste hors pair et maître d’une langue incomparablement inventive, mêlant allègre faconde et humour au vitriol, ne lâche rien de son verbe en transe ludique, véritable incendie d’allusions et de métaphores pour dire un monde de folie.

Prix Goncourt de la nouvelle pour Alléluia pour une femme-jardin (1982), Prix Renaudot pour Hadriana dans tous mes rêves (1988), René Depestre, né en 1926 à Jacmel en Haïti, nous revient avec le fougueux Popa Singer , en immense écrivain porté par une rage de vivre intacte.

Bruno Barbey , pour "Bruno Barbey", publié aux Editions Actes Sud - PhotoPoche

barbey
barbey
© Radio France

Reporter, membre de Magnum depuis 1965, Bruno Barbey photographie pour témoigner des conflits et de l’Histoire en marche, mais aussi de son amour pour le Maroc

David Bosc , pour "Mourir et puis sauter sur son cheval" , publié aux Editions Verdier

Bosc
Bosc
© Radio France

Quand on a vécu son enfance dans une absolue liberté et que l’entrée dans l’âge adulte ne s’est assortie d’aucun harnais, d’aucune obligation ni désir de servir, de consacrer les bonnes heures du jour au travail, aux soins des enfants ou des animaux, alors la faim de liberté se déplace, elle mute, elle trouve aussitôt d’autres murs à quoi se heurter, d’autres insuffisances : la société, bien sûr, la liberté qu’on n’a pas d’y faire ceci, d’y être cela, mais aussi la limitation du corps et la limitation de l’esprit. Poursuivant un désir à quoi rien ne saurait répondre, Sonia amorce un envol qui n’aura pas de fin.

Et les chroniques des libraires :

Manon Trépanier , de La Librairie Alire , à Longueuil, au Québec , pour « Le vin snob » , un essai de Jacques Orhon , publié aux Editions de l’Homme

Avec sa verve habituelle, une pointe de dérision et une bonne dose d'humour, Jacques Orhon livre le fruit d'une expertise développée au fil de plus de quatre décennies passées dans le monde du vin. Un monde devenu, à certains égards, si intimidant qu'il fait fuir les œnophiles en devenir et dépouille de tout plaisir l'expérience du divin nectar. Pour remettre les pendules à l'heure, le maître sommelier démythifie les approches biologiques et «nature», les vins de stars et la spéculation, et il s'en prend notamment aux phénomènes de mode, au marketing, à l'obsession du millésime, aux gadgets et à la dictature des notes. Il pose un regard aiguisé et critique sur les multiples facettes et intervenants du milieu afin de jeter sur eux un éclairage vif et inédit. Ce livre, qui s'adresse aux vrais amoureux du vin, constitue un coloré et vibrant plaidoyer pour qu'il redevienne ce qu'il devrait être avant tout: un plaisir partagé simplement, en toute convivialité.

Matthieu Colombe , de La Librairie Goulard , à Aix-en-Provence , pour « Il reste la poussière » , un polar de__ Sandrine Collette , publié aux Editions Denoël

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux. Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.

Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?

Dominique Bressoud , de La Librairie Une petite prose , à Boudry, en Suisse , pour "Le sentier des reines" , une bande-dessinée d’Anthony Pastor , publiée aux Editions Casterman

Savoie, 1920. Blanca et Pauline ont vu leurs hommes rentrer de la guerre miraculeusement saufs, mais la chance tourne et ils meurent peu de temps après. Les deux femmes décident alors de saisir leur destinée à bras-le-corps et quittent leur village. La grande aventure commence : un chemin forcément initiatique, jonché d'obstacles, vers une libération sociale et humaine.

Annick Dor , de La Librairie de La Mazerine , à La Hulpe, en Belgique , pour "L'arbre du pays Toraja" , un roman de Philippe Claudel , publié aux Editions Stock

Un cinéaste au mitan de sa vie perd son producteur et meilleur ami, Eugène. Cette mort l'incite à revenir sur sa propre histoire, les rencontres féminines et professionnelles qui l'ont émaillée, et plus largement à réfléchir sur la place qu'occupe la mort dans la vie. Le tombeau d'Eugène devient alors synonyme de réconciliation avec lui-même.

L'équipe