Après la guerre des Six jours, la guerre d'usure

Soldats jordaniens pendant la guerre des Six jours dans une jeep avec un portrait d'Hussein de Jordanie
Soldats jordaniens pendant la guerre des Six jours dans une jeep avec un portrait d'Hussein de Jordanie ©AFP - Pierre Guillaud
Soldats jordaniens pendant la guerre des Six jours dans une jeep avec un portrait d'Hussein de Jordanie ©AFP - Pierre Guillaud
Soldats jordaniens pendant la guerre des Six jours dans une jeep avec un portrait d'Hussein de Jordanie ©AFP - Pierre Guillaud
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La rhétorique égyptienne a voulu qualifier la défaite infligée par Israël non pas de désastre comme en 1949 mais de simple revers d’un moment : Naksa et non Nakba.

Quand on interroge sur le devenir du monde arabe des militantes comme la palestinienne Leila Chahid et la syrienne Bassma Kodmani, elles décrivent les années qui ont suivi 1967 avec des couleurs différentes.

La rhétorique égyptienne a voulu qualifier la défaite infligée par Israël non pas de désastre comme en 1949 mais de simple revers d’un moment : Naksa et non Nakba. Il reste que l’humiliation a été aussi sévère qu’inattendue pour les régimes arabes et qu’il leur faut bien rendre des comptes, même s’ils ne sont pas soumis à élections. S’ils avaient pu sortir leurs pays du sous-développement, s’ils avaient introduit des procédures plus démocratiques, la défaite aurait-elle pu être évitée ?

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Trois ans après 1967, la question de la responsabilité se pose autrement : Nasser est enterré dans un immense concours de peuple. Arrivent de nouveaux leaders : Kadhafi à Tripoli, Hafiz en Assad à Damas, qui, il est vrai, était ministre syrien de la Défense pendant la guerre.

Avec la fin du panarabisme nassérien, la question de la place du mouvement palestinien va aller grandissant. La nation arabe a besoin de l’action des palestiniens pour trouver une justification de son existence. Mais le nouveau leader de l’OLP, Yasser Arafat, tout en embrassant ostensiblement ses frères les leaders arabes et en s’abstenant de les critiquer, sait que son combat pour un état palestinien n’est pas exactement le leur.

Dès septembre 1968, les Arabes disent que le temps de la riposte est venu et qu’elle va commencer sous la forme d’une guerre d’usure. Et la guerre d’usure s’inscrit dans la guerre froide : les Américains fournissent avions et armement aux Israéliens, prenant le relais des Français qui y ont renoncé. Les Soviétiques envoient aux Egyptiens des Migs et des équipements sol-air.

L’activité militaire, irrégulière plus que régulière, est incessante. Elle provoque une inquiétude et une attention de tous les instants tandis qu’une vague de fond monte, qui reste à l’époque encore peu visible. Quand le politique a manqué, dit Bassma Kodmani, l’islamisme prend le relais. D’autant qu’il est encouragé par mise en cause, permanente et facile, dans tout le monde arabe, d’un vaste complot juif mondial.

Chanson Ya rohi de Oum Kalsoum, 1958