- Xavier Vigna Maître de conférences à l’université de Bourgogne
Cette voix que vous venez d'entendre est rare. C'est celle de Chris Marker. Chris Marker ? Un pseudonyme, qu'on ne peut rapprocher d'un visage : il refusait les photographies.

En 1967, il a déjà écrit, édité beaucoup de livres et réalisé une dizaine de moyens et courts-métrages. Il commence à filmer les ouvriers de Rhodiaceta en grève. Ceux-ci ne se reconnaissent pas dans ce qu'il a filmé. Il répond : donnons leur non pas des films mais le cinéma. Commence une aventure collective de six ans, à Besançon et Sochaux : les groupes Medvekine tournent une petite dizaine de films qui témoignent de l'étonnante insubordination ouvrière de l'époque.
"Je vous écris d'un pays lointain" : c'est la formule qu'aimait utiliser Chris Marker quand il voyageait. La classe ouvrière qu'il a connue n'est plus. Qu'elle ait implosé, sans révolution, n'était pas pour l'étonner. "N'ayant jamais imaginé, disait-il, que l'histoire était sucrée, je ne lui trouve pas un goût amer. Je suis déjà heureux que quelques-uns y aient pris leurs responsabilités d'hommes."
Le film "Le fond de l'air est rouge" clôt cette période de sa production. Commence la crise dans laquelle nous sommes toujours. Chris Marker, qui continue à faire ses films non conformes, campe toujours dans l'intranquillité. Son dernier poste de guet est l'univers numérique. Il se voyait comme un chat : le chat n'est jamais du côté du pouvoir.
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