François Mitterrand intime

François Mitterrand
François Mitterrand ©Getty - Jacques Pavlovsky
François Mitterrand ©Getty - Jacques Pavlovsky
François Mitterrand ©Getty - Jacques Pavlovsky
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À l’initiative d’Anne Pingeot qui veut sans doute établir sa part de vérité, Gallimard publie ces Lettres et ce Journal que Mitterrand lui destinait

Avec
  • Michel Winock Historien, spécialiste de l’histoire de la République française et des mouvements intellectuels contemporains

La phrase est passée inaperçue mais Valéry Giscard d’Estaing pendant le duel télévisé de la présidentielle de 1974 a bien dit : « Clermont-Ferrand que je connais bien et qui vous connaît bien ». Anne Pingeot appartenait en effet à une bonne famille de la ville : d’un coup de patte, VGE signifiait à son adversaire que leur liaison, alors vieille de dix ans, n’avait pas échappé à tout le monde. Imaginait-il cependant qu’il arrivait à Mitterrand d’écrire à Anne depuis son banc de l’Assemblée pendant que lui-même parlait à la tribune ? Ou qu’armé de ciseaux et de scotch, il passait des heures à découper toutes sortes de caricatures, de cartes et de photographies pour lui raconter une vie d’homme politique, « pas si intéressante que ça », remarquait-il.

À l’initiative d’Anne Pingeot qui veut sans doute établir sa part de vérité, et avec l’accord des deux fils de François et de Danielle, Gallimard publie ces Lettres et ce Journal que Mitterrand lui destinait. On s’interrogera sur la nécessité qu’il y avait ou non de les publier. Sur l’importance politique qu’ils revêtent ou pas. Dès la première lecture, on peut cependant dire que ces deux très forts volumes constituent peut-être le grand livre que Mitterrand ne parvint pas à écrire. Et que la destinataire eut bien de la chance de recevoir pareil hommage : elle le reconnaît d’ailleurs tout en tempêtant contre la vie parallèle, cachée, à laquelle elle se retrouva condamnée.

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On sait bien que cette dernière difficulté n’a pas suffi à arrêter Mitterrand dans son entreprise de conquête et de reconquête d’une jeune femme qui ressemblait à la France puisqu’avec elle, rien n’était jamais acquis. « Le péché, note-t-il sur un bout de papier conservé avec les autres par Anne, commence au confort.»

Les textes sont lus par Alexis Chevalier. Il joue actuellement Guigue et Plo au Guichet Montparnasse du 2 septembre au 23 octobre 2016.