- Jacques Dalarun Historien, membre de l'Institut
Rediffusion du 25/05/2015

« Georges Duby est né le 7 octobre 1919 à Paris, à deux pas de la République. L’appartement donnait sur la cour. Cette cour fut son premier terrain de jeu » . Invité à raconter sa vie d’historien, d’artisan devant son métier, il se demanda s’il dirait « je » » ou bien s’il parlerait de lui à la troisième personne. Il hésita, et comme toujours se reprit : il n’écrivait jamais facilement. S’il avait pensé à la troisième personne, c’était pour maintenir l’écart qui convient entre l’historien et son objet. Certainement pas par suffisance : il s’étonnait d’ailleurs d’avoir atteint un degré de reconnaissance sociale auquel les historiens parviennent rarement : « Georges Duby, écrivait-il avec une sorte d’innocence, se surprend parfois à tenir pour un autre le Georges Duby dont on parle autour de lui. »
Professeur au Collège de France en 1970, titulaire de la première chaire d’histoire des sociétés médiévales, homme de télévision avec Le Temps des Cathédrales , membre de l’Académie française en 1988… En réalité, le jeune professeur issu d'un milieu modeste qu’il avait été n’avait pas projeté de devenir tout cela. Il estimait avoir bénéficié d’un enchaînement de circonstances étonnamment favorables, parmi lesquelles un appétit d’histoire dans le public des années 1970 qu’il ne s’expliqua jamais tout à fait.
Et si l’appétit était venu de la qualité du menu offert par les grands chefs historiens de l’époque ? Aujourd’hui, les universitaires sont de plus en plus requis par les tâches administratives, leurs travaux sont constamment soumis à l’évaluation par les pairs. La génération des années 1970 se consacra sans doute davantage à un public qu’elle voulait très large et dont elle estimait qu’il était le destinataire normal de son travail : elle lui parlait directement, sans trahison ni vulgarisation, avec, comment dire… une « simplicité haute ».
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