Rediffusion du 07/04/2015
C’est rare , un auteur qui passe deux fois de l’anonymat à la notoriété. Dans les années 1930, rescapée de la révolution bolchevique installée à Paris, elle avait par ses livres incarné le romanesque russe. Après sa mort à Auschwitz en 1942, l’oubli avait peu à peu recouvert son nom. Et, il y a dix ans, la parution d’un livre rescapé, inattendu, Suite française , déclenche une vague de fond internationale. 1,3 million d’exemplaires vendus à travers le monde : le film qui en est adapté et qui sort maintenant sur nos écrans est largement américain. Aux Etats-Unis, la question de son rapport avec les juifs a été particulièrement discutée : Némirovsky savait qu’elle partageait avec eux une communauté de destin mais elle les regardait sans compassion, un peu comme des cobayes dont elle peuplait ses romans.
En France, ce sujet est abordé mais l’écho du livre se fait entendre, au plus profond, dans tous les secteurs de l’opinion. On s’émeut d’abord des conditions dans lesquelles a été conservé « Suite française » : dans une belle valise confiée à ses filles mais qu’elles auraient pu abandonner tant elle était lourde à porter. Ce chef d’oeuvre inachevé décrit très précisément une bourgade rurale sous l’occupation, il fait ressurgir les questions qui nous taraudent : si nous n’avions pas su, comme aujourd’hui, ce qui allait advenir, qu’aurions-nous fait ? Le succès de la série télévisée Un village français et issu des mêmes ressorts que celui de Suite française .
Némirovsky savait que son dernier texte serait posthume : c’est aux générations suivantes qu’il était destiné. « Mon Dieu, nous demande-t-elle, qu’a fait ce pays qui avait épousé la liberté et n’en a plus vu les charmes ? Et que m’a fait ce pays qui était tellement le mien que je n’ai pas même songé à le fuir ? »
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