- Françoise Dubost Directrice de recherche au CNRS
Il est préférable de cultiver la patate loin de la tomate et de rapprocher les plantes qui craignent le soleil de celles qui dispensent de l’ombre. Ce sont des choses qu’on oublie lorsqu’on se retrouve en ville mais qui peuvent assez vite s’apprendre, les Français de toutes tendances ayant la réputation d’adorer le jardinage. Lorsque le bon abbé Lemire, député d’Hazebrouck, fonda en 1896 la Ligue du coin de terre et du foyer, une association pionnière de jardins ouvriers, Clémenceau, anticlérical indomptable mais qui disposait lui-même d’un assez vaste terrain dans le XVIe arrondissement de Paris, l’approuva en bougonnant : « Avant de pousser les portes du paradis, les modestes ont bien le droit de jouir de quelques joies tranquilles en famille, non ? »
La crise des années trente et l’occupation surtout marquèrent l’apogée des jardins ouvriers. Aujourd’hui, paradoxalement, les ouvriers vivent plutôt en milieu rural. Mais voici qu’en milieu urbain, les jardins répondent aux besoins d’autres couches de la population et s’habillent de nouveaux noms derrière lesquels chacun trouve ses petits bonheurs : jardins partagés, jardins d’insertion, jardins thérapeutiques etc…. Le bon abbé Lemire avait raison de dire que les plantes nourrissent, réjouissent et guérissent.
A son époque, les parcelles des jardins ouvriers s’inscrivaient à la périphérie, au pied des fortifs ou le long des voies ferrées, par exemple. Aujourd’hui, les jardins partagés s’inscrivent souvent au cœur même des villes, au risque d’être plus petits. C’est un mouvement général. On nous dit qu’il faut que la nature « investisse » la rue. Bientôt sur le chemin du travail ou de l’école, nous traverserons des extraits de prairie…
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