Joachim Martin 1842-1897, un menuisier récalcitrant

Château de Picomtal dans les Hautes Alpes, où les mémoires du menuisier Joachim Martin ont été découverte en 2000
Château de Picomtal dans les Hautes Alpes, où les mémoires du menuisier Joachim Martin ont été découverte en 2000  ©AFP - Camille Moirenc
Château de Picomtal dans les Hautes Alpes, où les mémoires du menuisier Joachim Martin ont été découverte en 2000 ©AFP - Camille Moirenc
Château de Picomtal dans les Hautes Alpes, où les mémoires du menuisier Joachim Martin ont été découverte en 2000 ©AFP - Camille Moirenc
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Au château de Picomtal dans les Hautes Alpes, il arrive qu’on organise des chasses au trésor. Le trésor, il était au-dessus de la tête des nouveaux propriétaires. Le menuisier avait écrit sous les lattes, au crayon, des textes que les plafonds allaient dissimuler mais dont il attendait qu’ils soient retrouvés un jour.

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Au château de Picomtal dans les Hautes Alpes, il arrive qu’on organise des chasses au trésor. Le trésor, il était au-dessus de la tête des nouveaux propriétaires. Quand ils entreprirent une campagne de restauration autour de l’an 2000, ils découvrirent que le menuisier qui avait fait les planchers dans les années 1880 avait écrit sous les lattes, au crayon, des textes que les plafonds allaient dissimuler mais dont il attendait qu’ils soient retrouvés un jour : « Heureux mortel, quand tu me liras, je ne serai plus »

Le menuisier s’appelait Joachim Martin. Un nom qui prédestinait à l’anonymat. Mais il avait son point de vue et même son quant-à-soi. Il était républicain, sans exagération. Anticlérical, de plus en plus. Il est assez réjouissant de penser que la famille des anciens propriétaires, parfaitement réactionnaire, habita sous des inscriptions cachées qui dénonçaient le curé et rappelaient en secret : « O toi seigneur, qui habite le château, ne méprise pas l’ouvrier. »

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« N’oubliez pas, dans l’histoire, l’immense peine des hommes », recommandait Georges Duby. Joachim Martin, travaillant seul sur le chantier du château, l’été de 5 heures à 22 heures, n’avait pas grand’chose qui attire l’attention. C’était en apparence un bonhomme tout petit, sans qualité particulière. A ses enfants, il ne légua pas plus de bien qu’il n’en avait reçus. Il n’osait guère exprimer tout haut ce qu’il pensait tout bas mais, en traçant ses inscriptions sous ses lattes, il entretenait l’espoir de trouver plus tard un interprète qui le lise et qui donne un écho à ses silences.

De même que les personnalités dites exceptionnelles sont aussi des gens normaux, les gens normaux sont aussi exceptionnels. Toute vie mérite d’être racontée. Et aucun homme n’étant une île, chaque homme en dit long sur les réseaux auxquels il appartient, les modèles qu’il admire, les adversaires qu’il se crée. Joachim Martin, c’est aussi l’histoire retrouvée d’un village au début de la Troisième République.

Le site du château de Picomtal

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