- Gilles Pecout historien spécialiste d'histoire méditerranéenne et recteur de l'académie de Nancy-Metz.

Dans les années 1870, l’Italie se sentait enfin unie mais, avait dit Cavour, il était des terres en haut de la botte dont le retour au royaume serait à la charge des générations futures. Peut-être même la mission de l’Italie était-elle d’aller plus loin, sur les grands axes de l’empire romain. C’est ainsi que fut inventé le mot « irrédentisme », forgé à partir du latin « redemptus ». L’irrédentisme cherche à délivrer, à affranchir les territoires qui ne méritent pas de rester captifs d’autres états, illégitimes.
Soixante-dix ans après la Seconde guerre, Poutine fait renaître l’irrédentisme. Déjà le mouvement avait fait florès au lendemain de la Première.
L’Italie, une fois encore, était en pointe. Différents courants intellectuels pourtant hétérogènes se retrouvaient dans l’idée de repousser les frontières. Un poète national, Gabriele d’Annunzio, plantait là son écritoire pour se jeter dans l’aventure. En septembre 1919, à la tête d’un groupe de légionnaires, il occupait Fiume, aujourd’hui en Croatie, un port international symétrique de Trieste. Et il installait là pendant un an une « cité de la régénération et du sacrifice » où régnaient en réalité l’improvisation et la coercition.
Les grands pays qui essaiment ainsi des républiques autoproclamées observent que le désordre, à tout prendre, est aussi un ordre. Et ils s’en inspirent au bout d’un moment pour leur propre gouverne. C’est ainsi que la Russie de Poutine mettra de plus en plus le cap sur l’arbitraire. Quant à Fiume, elle servit de laboratoire et de modèle au premier fascisme.
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