La description de la nature : un art perdu ?

Cependant, il y a encore les poètes pour franchir la distance entre l’art qui tente d’évoquer et la science dont le vocabulaire ne sait pas tout embrasser. 

Colette dans sa maison à coucher dehors de Saint-Tropez a cherché à saisir des yeux et à caresser des mains sa treille muscate. Et, plus tard, Francis Ponge pareillement  son lilas.

Devant la treille muscate et le lilas, la plume pourrait pourtant désespérer. Et la peinture aussi. Quels mots, quelles couleurs pour singulariser chaque branche ployant sous l’effet des fleurs dans un buisson  qu’agite doucement la grâce tourbillonnaire du vent ? 

Tout est si lié, dans tous les sens. Francis Ponge en vient à utiliser des mots qui ne sont qu’à lui : proconfusion, exfloverscence…C’est en fait un effort pour retrouver un très ancien savoir sur le monde où tout comptait infiniment- et pas seulement l’homme.

La catastrophe écologique présente est bien documentée. Mais nous n’avons pas seulement perdu un monde, nous avons perdu aussi les manières de le décrire dans le détail. 

Bibliographie :

Le détail du monde. L'art perdu de la description de la nature de Romain Bertrand (Seuil).

L'Histoire à parts égales. Récits d'une rencontre, Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle) de Romain Bertrand (Seuil).

La cannelle et le panda. grands naturalistes explorateurs autour du monde de Jean-Marie Pelt (Fayard).

Aux origines de l'écologie. Les naturalistes en France de 1800 à 1914 de Patrick Matagne (CTHS).

Des Hommes et des Oiseaux. Une histoire de la protection des oiseaux de Valérie Chansigaud (Delachaux et Niestlé).

Histoire de l'ornithologie de Valérie Chansigaud (Delachaux et Niestlé).

Le site de Julien Norwood illustrateur naturaliste