La prostitution en France au XIXe siècle

France Inter
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Avec
  • Lola Gonzalez-Quijano Historienne, membre du Centre de Recherches Historiques (CRH) de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Salon de la rue des Moulins par Henri de Toulouse-Lautrec - 1894
Salon de la rue des Moulins par Henri de Toulouse-Lautrec - 1894
© domaine public - Musée Toulouse-Lautrec d'Albi

Depuis 1946 , la loi ne cesse d’intervenir dans le champ de la prostitution, avec comme horizon d’attente son abolition. Au XIXe, les régimes successifs s’en tenaient, tranquilles comme Baptiste, à ce qu’ils nommaient le réglementarisme. Il fallait que les filles se soumettent à une inscription et à l’application de textes sensés protéger la santé et la tranquillité publiques, les maisons closes étaient encouragées puisqu’elles contenaient ce qui était inévitable, hélas.

Le parrain de ce système, c’était Parent-Duchatelet. De ses enquêtes sociologiques empiriques, il avait titré la conclusion que les bas instincts de l’homme, ses « entraînements génésiques », ne pouvaient être réprimés. Il leur fallait des défouloirs. Mais, en grand médecins hygiéniste qu’il était, Parent-Duchatelet estimait que les femmes destinées à tenir ce rôle devaient être contrôlées et surtout ne pas se disséminer.

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Le réglementarisme était, en fait, un simulacre. Au long du XIXe, la prostitution ne se contenta évidemment pas du rôle d’exutoire que lui attribuaient les bonnes âmes. De l’activité sexuelle, elle offrit les perspectives et les spécialités les plus variées, ouvrant un champ infini de découvertes aux amateurs. Et elle se répandit de plus en plus dans l’espace public : sur les boulevards dès qu’ils étaient éclairés et équipés de terrasses, au bois dès qu’il fut aménagé, à la périphérie dès qu’elle se peupla. À Paris, elle ne cessait ni le jour ni la nuit.

Aujourd’hui le gouvernement n’a à promettre aux visiteurs de la capitale que des magasins et le musée d’Orsay ouverts sept jours sur sept. Le Second Empire et la Troisième République y allaient franco. Tant qu’à prôner une métropole commercialement attractive, ils jouaient la carte du tourisme sexuel : à Paris, les p’tites femmes, c’était 24 heures sur 24.

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