- Gérard Vindt Historien et journaliste

Il y a des moments où la Sécurité Sociale , 70 ans en ce mois d’octobre 2015, paraît vieillie. Il est vrai qu’elle a été créée au temps de Monsieur Gagne-Pain et de Madame Au Foyer : depuis, la vie familiale a bien changé, le chômage est revenu dans la vie professionnelle en même temps que se développait le travail indépendant que la Sécurité sociale a bien du mal à cerner. Aujourd’hui, les destinataires du système se transformeraient volontiers en protestataires : les enquêtes d’opinion n’ont pas de mal à leur faire dire que la Sécurité sociale serait inégalitaire. Les mutuelles, laissées sur le bord de la route en 1945, sont d’ailleurs revenues en force pour assurer des prestations complémentaires et, surtout, les assureurs privés se tiennent en embuscade, à la recherche des données personnelles de chacun.
Et si la Sécurité sociale était seulement ancienne et qu’il fallait la transformer sans la casser ? Depuis que son financement est devenu plus difficile, c’est ce que répètent inlassablement les gouvernements successifs. Depuis les années Giscard, la Sécurité Sociale est en réforme permanente avec des prescriptions souvent semblables : l’augmentation des cotisations d’un côté et, de plus en plus, de l’autre, la contraction des dépenses de santé. Mais la logique française a empêché jusqu’ici d’aller plus loin. La Sécurité Sociale, et plus largement les instruments de protection sociale, comme l’assurance chômage, en modérant les conséquences de la crise, entretiennent la demande et sont donc des instruments de politique économique. L’État protecteur, grâce à eux, est en même temps un état régulateur et il n’a pas l’intention d’abandonner cette fonction. C’est bien ce que lui reprochent les plus libéraux, qui ont actuellement le vent en poupe : avec la Sécurité Sociale, l’État commettrait le péché d’intrusion.
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