
L’été 42, le sort de la guerre est toujours en suspens. Les Allemands atteignent la Volga à la hauteur de Stalingrad. La bataille décisive qui commence met à rude épreuve l’alliance des Soviétiques et des Anglo-Américains. Churchill et Harriman sont à Moscou du 12 au 14 août et s’entendent reprocher sur tous les tons - y compris le plus vigoureux - de ne rien faire à l’Ouest. Churchill, que le comportement de Staline met à rude épreuve, soutient l’hypothèse d’un débarquement en Afrique du Nord, non loin des combats où Rommel et les Alliés s’épuisent en attaques et contre-attaques. Staline se souvient qu’on lui a parlé, un moment, imprudemment, du Cotentin…

Est-ce pour lui lancer un signe que l’opération Jubilée a été lancée à Dieppe, avec 6000 hommes, en premier lieu des canadiens qui, dit-on, piaffaient d’impatience ? En fait, les interprétations concernant l’affaire sont légions. Il en est même qui pensent qu’elle n’était qu’un rideau de fumée : le but réel aurait été de se saisir de la machine de cryptage Enigma dans une station de radar allemande de la côte…
Coup de main, coup de poker, coup de sonde ? En tout cas, ce qui est sûr, c’est que, dès le 19 août, la BBC annonça que ce ne serait pas LE débarquement et que ce serait un succès. Ce fut un échec. Mais la propagande alliée n’en a pas démordu : ce n’était pas le débarquement et c’était, en dépit des apparences, un succès.
Les résistants français et les soldats soviétiques durent attendre encore. Quand ils touchaient des boîtes de conserves américaines, ils disaient en plaisantant : « Nous allons ouvrir un nouveau front ».

Photo homepage : Le débarquement © CPhoM. Robert F. Sargent - Corbis
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Dieppe, opération Jubilée, 19 août 1942
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