Le sentiment anti-européen

Manifestation anti-austérité à Madrid en 2012
Manifestation anti-austérité à Madrid en 2012 ©Maxppp - xavier de torres
Manifestation anti-austérité à Madrid en 2012 ©Maxppp - xavier de torres
Manifestation anti-austérité à Madrid en 2012 ©Maxppp - xavier de torres
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Il y a d’abord eu un sentiment européen. Il s’est clairement inscrit contre l’internationalisme tel que l’entendait le mouvement communiste et contre les nationalismes tels que les avaient entendu les années trente. Il s’est peu à peu constitué en une idée européenne.

Avec
  • Bernard Bruneteau Historien. Professeur émérite de Science politique à l'université Rennes 1, spécialiste de l’histoire du droit et des génocides

Le président de la République italienne a refusé cette nuit la nomination au ministère des Finances de Paolo Savona qui qualifiait il y a peu l’euro de cage de fer allemande. Dans un premier temps, face à la coalition atypique entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles qui prétendait au gouvernement, il a observé : vos deux programmes superposés dont vous avez tenté  de ne faire qu’un seul défendaient le peuple contre les importants, l’identité contre l’Union européenne; vous demandiez une autre Europe mais vous n’exprimiez encore qu’un sentiment anti-européen. Un état affectif, entretenu par une colère froide accumulée.

Mais, ajoute Mattarella, quand vous me proposez comme ministre des Finances quelqu’un qui risque, presque inévitablement, de nous bouter hors de la zone euro et donc de précipiter la fin de l’Union, vous entrez explicitement dans un projet anti-européen. Semblant s’en remettre à de nouvelles élections, il demande : Oserez-vous passer le Rubicon et défendre clairement ce projet, en en assumant les conséquences ?

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Les idées mettent beaucoup de temps à naître. Et beaucoup de temps à mourir

Il y a d’abord eu un sentiment européen. Il s’est clairement inscrit contre l’internationalisme tel que l’entendait le mouvement communiste et contre les nationalismes tels que les avaient entendu les années trente. Il s’est peu à peu constitué en une idée européenne.

De  cette idée européenne, Bernard Bruneteau a déjà fait naguère l’histoire, séquence par séquence. Il tente la même chose pour le sentiment anti-européen. Venu de loin, issu d’anciennes matrices idéologiques, bien repérables,  il augmente depuis une trentaine d’années. La température ressentie aujourd’hui  correspond-elle pour autant  à ce qu’indique le thermomètre ? Et la capitalisation des amertumes, des déceptions, des contre-propositions aboutira-t-elle nécessairement à un investissement viable ?

Programmation musicale : Chanson en piémontais "Nous sommes des chiens de garde" (extrait de l'album "Una faccia in prestito", 1995)