Le sultanat d’Oman a son opéra

La scène de l'Opéra Royal de Mascate en 2016
La scène de l'Opéra Royal de Mascate en 2016 ©Getty - Pacific Press
La scène de l'Opéra Royal de Mascate en 2016 ©Getty - Pacific Press
La scène de l'Opéra Royal de Mascate en 2016 ©Getty - Pacific Press
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Encore un peu de temps et l’Opéra de Mascate, inauguré en 2011, fêtera ses dix ans. Il a été conçu par un souverain, le sultan Qabous. A entendre les omanais, le pays n’existait pas avant lui. Avant Qabous, il n’y avait tout simplement pas d’unité du sultanat d’Oman et Mascate.

Le premier opéra dont on ait conservé la partition a été représenté à Florence en 1600, à l’occasion du mariage de Marie de Médicis avec Henri IV. Il y a trois cent cinquante ans, Louis XIV fondait à Paris l’Académie royale de musique. Encore un peu de temps et l’Opéra de Mascate, inauguré en 2011, fêtera ses dix ans. Il a été conçu lui aussi par un souverain, le sultan Qabous. L’habitude est de dire aussitôt après avoir prononcé son nom : « Que Dieu le protège et veille sur lui »

A entendre les omanais, le pays n’existait pas avant lui. Les Français connaissent bien cela : l’état qui précède la nation. Avant Qabous, il n’y avait tout simplement pas d’unité du sultanat d’Oman et Mascate. Il y avait tout de même du pétrole mais exploité par les Britanniques. Et, partageant le pouvoir avec les chefs de tribus et l’imam ibadite –une voie singulière de l’Islam, hostile au wahhabisme, un vieux souverain, le père de Qabous, reclus dans son palais.

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En 1970 les Britanniques qui forcent à l’abdication le père de Qabous. Le jeune homme va s’imposer rapidement en unifiant le pays : un nouveau nom –sultanat d’Oman ; un drapeau, un hymne.  Qabous gouverne entouré d’un cercle restreint et touche les revenus du pétrole qui tombent dans sa cagnotte sans qu’il y ait à proprement parler de budget de l’état. Aujourd’hui, les omanais sont 2 millions et demi, renforcés par deux millions de travailleurs étrangers. Le sultanat produit en moyenne 16 tonnes-équivalent-pétrole par sujet. Qabous procède à une redistribution individualisée, il peut attribuer à chacun une propriété foncière et offre bientôt à tous  écoles, universités, hôpitaux, radio, télévision…La liberté d’expression n’est pourtant pas accordée mais le sultan répugne à la répression et pardonne volontiers à qui fait amende honorable.

Cependant, si impressionnant soit le développement du pays, on ne peut empêcher les omanais de se comparer. Ils sont fiers d’être devenus plus riches que les égyptiens, aussi riches que les Indiens qui assuraient traditionnellement le commerce et les services sur la côté mais leurs voisins des autres émirats semblent souvent faire plus haut, plus cher. C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier la construction de l’Opéra.

Bibliographie :

Marc Valeri Le Sultanat d’Oman. Une révolution en trompe-l’œil Karthala

Alexandre Kazerouni Le  miroir des cheikhs PUF

Discographie :

The firqat Khalfan Bar'ah

Wael Kfoury Bahebak ana ktir

Salim bin Ali al-Maqrashi Taqasim, maqam rast

Giacomo Puccini Turandot (enregistré à l'Opéra royal de Mescate en 2011)

Léo Delibes Lakmé (enregistré à l'Opéra royal de Mescate en 2019)

Franck Olivar, de l'équipe de La Marche de l'histoire, s'est rendu à l'Opéra royal de Mascate. Il en est revenu avec des reportages (diffusés en partie dans l'émission) mais aussi avec des images et des explications complémentaires que vous pouvez retrouver sur la page d'un lieu une histoire.