Le témoin du vendredi : Benoît Vincent, Gênes ses ponts et ses abymes

Via Antonio Gramsci à Gênes en 1950
Via Antonio Gramsci à Gênes en 1950 ©Getty - Paul Almasy
Via Antonio Gramsci à Gênes en 1950 ©Getty - Paul Almasy
Via Antonio Gramsci à Gênes en 1950 ©Getty - Paul Almasy
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Gênes a perdu de son rôle. Il est loin, le temps de la vieille république maritime qui possédait des îles et des comptoirs dans toute la Méditerranée ; on a même des difficultés à se figurer l’époque, pas si lointaine, où elle embarquait des flots de voyageurs à destination des Amériques.

Avec
  • Benoît Vincent Botaniste et écrivain

Les Génois ont souvent vécu l’effondrement du pont Morandi, le 14 août - 43 morts - comme un drame annoncé d’avance. La chronique est longue des catastrophes qui se sont abattues sur la ville sans que l’impéritie des autorités puisse les prévenir. Certains y voient une disposition mélancolique de la ville à la ruine et au dépérissement des choses.

Gênes, il est vrai, a perdu de son rôle. Il est loin, le temps de la vieille république maritime qui possédait des îles et des comptoirs dans toute la Méditerranée ; on a même des difficultés à se figurer l’époque, pas si lointaine, où elle embarquait des flots de voyageurs à destination des Amériques.

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Son port a néanmoins gardé sa place centrale dans la ville. Il n’y a pas de grand’ place comme chez la rivale, Venise mais il y a le port. Afin de se renouveler, il repousse l’urbanisation mais celle-ci se heurte à l’Apennin tout proche. Le site est trop étroit. La ville doit escalader les pentes. Où faire passer les voies ferrées, les autoroutes ? Gênes a choisi de laisser voir ses infrastructures qui courent en hauteur. Vertigineuses, elles plongent dans leur ombre des pans entiers de la ville. On comprend qu’avec ses pentes et ses ruptures de niveaux, Gênes paraisse incohérente à qui cherche à en connaitre le secret.

Insaisissable, elle est aussi récalcitrante. Après la chute du pont Morandi, elle ne compte pas obéir aux oiseaux de mauvais augure. Elle assure qu’elle reprendra elle-même le fil de son histoire. 

Programmation musicale : Fabrizio de André "La domenica delle salme" (1990)

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