Le témoin du vendredi : Bernard Gazier et Port-Royal après la destruction de Port-Royal

Abbaye de Port Royal des champs, tableau de Louise-Magdeleine Hortemels (1688-1767) au Musée National Des Granges De Port-Royal
Abbaye de Port Royal des champs, tableau de Louise-Magdeleine Hortemels (1688-1767) au Musée National Des Granges De Port-Royal ©Getty - 	DEA / G. DAGLI ORTI /
Abbaye de Port Royal des champs, tableau de Louise-Magdeleine Hortemels (1688-1767) au Musée National Des Granges De Port-Royal ©Getty - DEA / G. DAGLI ORTI /
Abbaye de Port Royal des champs, tableau de Louise-Magdeleine Hortemels (1688-1767) au Musée National Des Granges De Port-Royal ©Getty - DEA / G. DAGLI ORTI /
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Aujourd’hui, Port-Royal des Champs est devenu un musée mais qui reste un peu à l’écart. Si on n’a pas de voiture, le mieux est de descendre à la gare de Saint-Rémy-les-Chevreuse et de prendre à pied le chemin Racine qui peut être boueux.

Avec
  • Bernard Gazier professeur émérite de sciences économiques à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et membre de l'Institut universitaire de France

Pour disperser les 22 filles qui vivaient encore au monastère de Port-Royal des Champs, Louis XIV avait, en 1709, déployé des moyens policiers dignes d’un coup d’état. L’année suivante, il fit démolir les bâtiments et exhumer les tombes des religieuses et de leurs familiers. La monarchie absolue avait identifié Port-Royal des Champs à ce qu’elle nommait le jansénisme et le jansénisme à un parti d’opposition : il ne devait pas en rester pierre sur pierre.

L’exhumation demeura dans les mémoires comme une profanation

Bien plus tard, Chateaubriand écrivit qu’elle préfigurait celle des tombes des rois eux-mêmes, en 1793. Pour ses fidèles, Port-Royal, c’était en effet l’équivalent de Saint-Denis. L’équivalent, mieux encore, du Temple de Jérusalem que vient dévaster le persécuteur. Et Versailles, géographiquement si proche, c’est Babylone.

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Sans doute cette lecture est-elle mythifiée. Mais c’est ainsi que s’est construit le souvenir et il mérite d’être respecté.

Aujourd’hui, Port-Royal des Champs est devenu un musée mais qui reste un peu à l’écart. Si on n’a pas de voiture, le mieux est de descendre à la gare de Saint-Rémy-les-Chevreuse et de prendre à pied le chemin Racine qui peut être boueux. 

Beaucoup de jeunes de la région connaissent d’ailleurs l’itinéraire, à l’instar des élèves des Petites Ecoles du monastère au temps de Racine. Mais cela n’est ni rationnel ni productif. Dans les bureaux du ministère de la Culture, saisis par la fièvre entrepreneuriale, est donc né le projet de rattacher le plus petit musée d’Etat à… on vous le donne en mille… A Versailles, un établissement qui, lui, est organisé pour produire du cash.

Cette brillante idée commerciale est inconcevable pour tous ceux qui sont attachés au jansénisme comme à un moment considérable de l’histoire de la liberté.

Programmation musicale : Marc-Antoine Charpentier "Leçons de ténèbres du vendredi saint. 1ère leçon" par Stephan MacLeod et Arte dei Suonatori (direction Alexis Kossenko)

Le site de la Bibliothèque de la Société de Port-Royal

Le site du Musée national de Port-Royal-des-Champs

Le site de La société des Amis de Port-Royal