Le témoin du vendredi : Predrag Matvejevitch

Predrag Matvejevitch en 1994
Predrag Matvejevitch en 1994 ©Getty - Patrick BOX
Predrag Matvejevitch en 1994 ©Getty - Patrick BOX
Predrag Matvejevitch en 1994 ©Getty - Patrick BOX
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La Méditerranée, c’était la mer intérieure de Predrag, à laquelle il avait consacré tant de tant de textes : ils constituent le symétrique de l’œuvre historique de Braudel.

Predrag Matvejevitch vient de mourir, il y a un mois, à 84 ans.

Dégradation, corruption, pollution, ainsi parlait-il parfois de sa chère mère Méditerranée, et il aurait pu ajouter : immigration tragique. Ces cinq dernières années, près de 10000 personnes y ont trouvé la mort en cherchant à rejoindre ses côtes européennes.

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La Méditerranée, c’était la mer intérieure de Predrag, à laquelle il avait consacré tant de tant de textes : ils constituent le symétrique, géopoétique, de l’œuvre historique de Fernand Braudel.

La Mediterranée est composée de mers plus petites. Predrag est né à cinquante kilomètres de l’une d’elles, l’Adriatique, à Mostar. Mostar, en serbo-croate : le pont. Il était un pont sur la Neretva. On l’appelait le Vieux. On s’y donnait rendez-vous, on y sautait du parapet pour plonger dans la rivière, on s’y baignait sous ses arches. C’était un pont ottoman qui reliait la ville musulmane et la ville catholique. Pendant la dernière guerre des Balkans, en 1993, l’artillerie croate le détruisit.

Predrag avait alors quitté son pays. Le Collège de France lui avait offert de donner un cycle de cours. Il alla ensuite enseigner à Rome, à la Sapienza. Son livre le plus célèbre, le Bréviaire méditarranéen, était traduit en vingt langues et il en parlait lui-même un bon nombre. Il s’était frotté dès l’enfance à la vie entre exil et asile. Son père, qui l’avait accoutumé au russe, était un juif d’Odessa, obligé de partir vers d’autres rivages.

Programmation musicale : "Le Poème de l'extase 1, op. 54" d'Alexandre Scriabine par l’Orchestre philharmonique de Prague (1972)

Le lundi 6 mars, La Marche de l'histoire ouvre la séance, pour de nouveaux enregistrements en public par les Comédiens-Français, de grands débats parlementaires.