Notre invité a été modelé par la guerre d’indépendance. Il en est le jumeau. Il a à peine plus d’un an quand se déclenche l’incendie de la Toussaint 54.
- Slimane Zeghidour Écrivain et éditorialiste à TV5 Monde.
Notre invité a été modelé par la guerre d’indépendance. Il en est le jumeau. Il a à peine plus d’un an quand se déclenche l’incendie de la Toussaint 54. Il aura fallu que le FLN intervienne pour que la France accoure jusqu’aux pentes de la Kabylie, Il est soudain promis à la région construction et instruction. Mais le soir, les modernisateurs disparaissent, et ce sont les moudjahidine qui surviennent. Le jour, c’est le Constantinois ; la nuit, la wilaya II.
Pour purger un territoire incontrôlable, l’armée française, en 1957, met en place, hâtivement et de son propre chef, d’innombrables camps de regroupement. Un matin, Slimane, quatre ans à l’époque, doit quitter la mechta ; la famille n’a pu emporter que les gros baluchons que porte son mulet. En quelques heures, il passe d’une campagne reculée où on laboure encore à l’araire à une zone retranchée qu’on ravitaille par avion.
Il faut alors autant de force que de souplesse pour survivre. Slimane perd tour à tour, un, deux frères, une sœur. Il est celui dont la famille attend qu’il trace une nouvelle route. La vie au camp n’est pas facile mais c’est là qu’il découvre, outre le pantalon et la radio, l’école.
C’est étrange : dans cette partie du pays qui semble vouée aujourd’hui encore au délaissement, il a fallu la guerre d’indépendance pour que les Algériens rencontrent pour la première fois des Français. Un peu tard sans doute.
programmation musicale : Djurdjura "Tahuzzut (berceuse)" (1990)
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