Les néo-ruraux

En forêt
En forêt ©Getty - Guillaume Seguin
En forêt ©Getty - Guillaume Seguin
En forêt ©Getty - Guillaume Seguin
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Que n’a-t-on ridiculisé les premiers néo-ruraux ? Donner à voir un autre mode de vie. La fonction anticipatrice des néo-ruraux est là.

Avec
  • Catherine Rouvière Historienne, chercheuse associée au Centre d’Histoire Sociale du XXe siècle - université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Que n’a-t-on ridiculisé les premiers néo-ruraux ? Qualifiés de hippies ou de bourrus parce qu’ils avaient plein de poils, ils étaient assez nombreux dans les années qui suivirent 1968, à vivre en communauté : 5 à 10000 l’hiver, bien davantage l’été : 30 à 50000. Évidemment, la plupart n’ont pas tenu longtemps. Mais certains se sont accrochés. Ils se sont inquiétés de la relève mais une autre vague en 1975-1985 et, en 1985-1995, une autre vague se sont surajoutées à ce qui subsistait de la première. Les nouveaux venus n’imaginaient plus nécessairement vivre de la terre, ils entendaient continuer d’exercer leurs métiers à la campagne mais comme leurs prédécesseurs, ils donnaient à voir un autre mode de vie.

Donner à voir un autre mode de vie. La fonction anticipatrice des néo-ruraux est là. Leur utopie de départ s’est épuisée ou plutôt elle s’est déplacée. Ils sont devenus des éléments décisifs de la politique de sauvetage et d’aménagement d’une part de la France que d’autres acteurs institutionnels ou sociaux laisseraient volontiers s’enfoncer dans le vide. Ils témoignent d’une agriculture qui serait autre chose qu’une branche de l’industrie agro-alimentaire et, plus généralement, d’une modernité qui… comment dire ? serait plus douce et ne se construirait pas systématiquement sur l’obsolescence.

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Évidemment, dire cela, c’est s’exposer à la critique des gens qui calculent sérieusement. Comme ce candidat à la présidentielle qui ne manque jamais l’occasion de se moquer des consommateurs qui, insouciants et légers, font danser l’anse de leur panier en osier plein de produits des AMAP. Les néo-ruraux assument. Moqués dès le départ et quel qu’aient pu être leurs apports, ils s’attendent à être critiqués jusqu’au bout.

La revue Causses et Cévennes

La revue Village

Le film Le retour à la terre produit par le CHS et réalisé par Jeanne Menjoulet