- Jean-Christian Petitfils Historien et écrivain
L’imaginaire républicain a fixé son image de roi néfaste. Son caractère épineux et son goût des chemins de traverse en sont en partie responsables : à une époque où l’opinion publique gagne en importance, la tradition de dissimulation chère aux Bourbons n’est plus de mise.
Pourtant, Louis XV laisse en 1774 un royaume de 25 millions d’habitants autrement prospère qu’en 1715. La pathologie de la misère a reculé, la production agricole et même industrielle augmentées, le commerce extérieur progressé de manière spectaculaire – dopé, il est vrai, par le trafic des esclaves.
Mais, sous des dehors de pompe et de majesté, le pouvoir manque cruellement de moyens financiers. La noblesse et le clergé se dérobent constamment quand il s’agit de payer des impôts. Cette « réaction aristocratique » se justifie au nom des usages et coutumes de l’ancienne France, intouchables. Et quand le Parlement de Paris argue de son antiquité pour s’opposer au roi, il trouve l’assentiment du peuple de la capitale. En surplomb, la monarchie ne dispose que de 50 000 titulaires d’offices qui ne sont pas fonctionnaires au sens moderne du mot, mais propriétaires jaloux de leurs charges.
D’un côté, un roi indéchiffrable, qui se montre de moins en moins. Et, de l’autre, un corps social épars, qui devient insaisissable : pis, quand il se coagule, c’est dans l’opposition au roi, en tout cas à la personne privée du roi. Au milieu du XVIIIe, le royaume devient peu à peu ingouvernable. En 1771, Louis XV tente de se dégager en abaissant les Parlements. Ce coup de majesté peut-il réussir, si le hasard fait bien les choses ?
Nous connaissons la fin de l’histoire. Essayons de retrouver l’incertitude des contemporains qui la vivent.
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