L’exposition du Centre Pompidou s’appelle « la peinture, même ». C’est donc que Marcel Duchamp a été peintre tout de même ! Puis il a jugé la peinture obsolète et toute sa vie, ensuite, afficha une volonté déterminée de se déprendre de l’art. Entretien avec l'historien Roland Recht.
- Roland Recht Professeur au Collège de France
André Breton le considérait comme l’homme le plus intelligent du XXe siècle et, en effet, il élabora de nouvelles lois de la représentation à partir des choses contemporaines : « A_u lieu d’un feu de bois à l’ancienne, on peut contempler une roue de bicyclette dont la fourche serait fichée sur un tabouret de cuisine ; eh bien, quand elle tourne, elle multiplie les dimensions, mieux que les techniques du cubisme que j’ai utilisées pour tenter de mettre en mouvement un Nu descendant l’escalier_ ».
Ce fameux « Nu », c’était en 1912. Date-clé. Nous pouvons aujourd’hui reconstituer de mémoire cet étonnant atelier du XXe siècle naissant où de nombreux pionniers sont tous animés d’une même conviction : la peinture, c’est autre chose que des couleurs à l’huile sur une toile, c’est un contenu intérieur. En 1912, Kandinsky à Munich publie son Cavalier bleu, Picasso en France pratique les papiers collés. Tous deux continueront à peindre, avec un débit ininterrompu, sans répétition ni faiblesse.
Duchamp passera la ligne, sans esprit de retour :
L’art est mort, place à l’artifice.
Paradoxe ! C’est celui qui liquide l’héritage dont se réclament aujourd’hui le plus de descendants. Partout on voit des « installations » dont les auteurs se prennent pour Duchamp.
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Marcel Duchamp. La peinture, même
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