L'élection de 1988 semblait pliée dès le 1er tour. Il y avait donc a priori peu d’importance à donner au débat télévisé de l'entre-deux-tours. Il fut pourtant d'une rare intensité.
Il faut remercier Europe 1, l’Europe 1 d’autrefois, d’avoir introduit en France le débat politique en face à face, que la télévision ensuite a imité, « à armes égales », et appliqué depuis 1974 à la présidentielle.
Les candidats ont tendance à croire qu’ils peuvent provoquer des déplacements de voix. VGE assure qu’avec sa trouvaille de 1974 sur le monopole du cœur, il en a gagné 500 000 ! Les spécialistes en doutent : les choix seraient déjà creusés en profondeur, le surlendemain les électeurs, même s’ils ont vacillé, ont retrouvé leur lit.
En réalité, le débat n’a pas pour fonction première la désignation du candidat. C’est devenu un rite extrêmement attendu, suivi lors de ses meilleures éditions par la moitié des électeurs.
À cet égard, le débat de 1988 est très significatif. L’ élection semblait déjà pliée dès le premier tour. François Mitterrand avait obtenu 34% des voix, score très important ; président sortant qui aurait pu être lessivé par les avanies, il s’était confortablement installé dans le rôle du président-arbitre. Il disposait d’ une réserve de voix à sa gauche : celles du communiste Lajoinie et de l’ex-communiste Juquin. Jacques Chirac, qui avait à peine rassemblé 20% des voix, pouvait espérer celles de Raymond Barre mais plus difficilement celles de Jean-Marie Le Pen – 15% – qui appelait à le battre.
Il y avait donc peu d’importance à accorder a priori au débat télévisé du 28 avril 1988. Et pourtant il fut d’une rare intensité.
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