Nigeria : l'état du Borno et Boko Haram

Une rue de la ville de Gwoza dans l'état du Borno au Nigeria en 2015 après le départ de Boko Haram
Une rue de la ville de Gwoza dans l'état du Borno au Nigeria en 2015 après le départ de Boko Haram ©Getty - The Washington Post
Une rue de la ville de Gwoza dans l'état du Borno au Nigeria en 2015 après le départ de Boko Haram ©Getty - The Washington Post
Une rue de la ville de Gwoza dans l'état du Borno au Nigeria en 2015 après le départ de Boko Haram ©Getty - The Washington Post
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Il y a une décennie, Boko Haram pouvait encore passer pour un groupe rebelle comme tant d’autres. En 2009, il gagne en relief grâce à l’assassinat, très spectaculaire, de son leader par les forces spéciales nigérianes. En 2014, l’enlèvement qu’il organise d’un groupe de lycéennes le fait connaître du monde entier.

Avec
  • Vincent Hiribarren Senior lecturer en histoire africaine moderne au King’s College de Londres

Il y a une décennie, Boko Haram pouvait encore passer pour un groupe rebelle comme tant d’autres. En 2009, il gagne en relief  grâce à l’assassinat, très spectaculaire,  de son leader par les forces spéciales nigérianes. En 2014, l’enlèvement qu’il organise d’un groupe de lycéennes le fait connaître du monde entier. Son discours est dorénavant extrême. Les filles occidentalisées ? Nous les vendrons. Les églises ? Ce n’est pas suffisant de les brûler, il faut tuer les mécréants.

Il est impossible de prédire le moment de la fin de Boko Haram. En revanche, il est possible de soutenir qu’il est le symptôme de tensions qui, traversant la région depuis longtemps, ne sont pas près de s’éteindre.

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La région ? Autour de l’antique carrefour du lac Tchad, s’y était établi pour mille ans un vieil empire, le Karnem-Borno dont les dirigeants se convertirent à l'Islam dès le XIème siècle. La dernière de ses dynasties accompagna les colonisateurs. Les Allemands ayant été  rayés de la carte en 1919,  les Français, les Britanniques s’y disputèrent l’espace, les uns et les autres introduisant les missionnaires chrétiens avec plus ou moins d’enthousiasme.

C’est ainsi que la zone du lac Tchad est maintenant traversée de par trois frontières séparant quatre Etats. Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger. Elle est éloignée de Niamey comme de N’Djaména et d’Abuja, la capitale administrative nigériane. 

Au Nord-Est du Nigeria, dans un coin de la carte du pays, l’état du Borno n’est qu’un parmi 37. Et que représente-t-il au niveau fédéral ? Qui peut chiffrer ? Au Nigeria,  tout est corrompu à commencer par les statistiques. Combien d’habitants au total ? 150, 175, 200 millions d’habitants ? 40 pour cent de musulmans, 40 de chrétiens et 20 de religions locales ? Ou tout aussi bien 50, 45, 5 ? En tout cas, l’affirmation selon laquelle le Nord serait entièrement musulman est erronée.

On dit souvent que le Nigeria est un grand pays imaginaire. Vu du Borno, qui a connu un empire,  il ressemble surtout à une puissance continentale imaginaire qui ne sait que faire avec le danger réel de Boko Haram.

Bibliographie

Un manguier au Nigeria. Histoires du Borno de Vincent Hiribarren (Plon).

Le phénomène Boko Haram. Au-delà du radicalisme de Zachée Betché (L'Harmattan).

La région du lac Tchad à l'épreuve de Boko Haram, sous la direction de Géraud Magrin, Marc-Antoine Pérouse de Montclos (AFD).

Le blog de Vincent Hiribarren

Programmation musicale : Coffin for head of state de Fela Kuti.

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