Pierre Goldman l'insaisissable

Pierre Goldman à côté d'un gendarme à son procès le 4 mai 1976 à Amiens
Pierre Goldman à côté d'un gendarme à son procès le 4 mai 1976 à Amiens ©Getty - Michel ARTAULT
Pierre Goldman à côté d'un gendarme à son procès le 4 mai 1976 à Amiens ©Getty - Michel ARTAULT
Pierre Goldman à côté d'un gendarme à son procès le 4 mai 1976 à Amiens ©Getty - Michel ARTAULT
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En septembre 1979 trois hommes tuent Pierre Goldman de neuf balles sur le trottoir. L’assassinat est revendiqué par un groupe intitulé « Honneur de la police ». Trois hommes pour assassiner les trois vies de Goldman : révolutionnaire sans organisation mais non sans honneur, juif, artiste…

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La réputation du nom de Goldman avait été acquise par le père de Pierre dans la résistance. La célébrité vint par le fils rebelle, Pierre, qui n’en voulait pas - avant qu’elle ne consacre le demi-frère, Jean-Jacques, dans le consensus cette fois.

Pierre se voulait proche des guérillas d’Amérique latine. Il avait 26 ans en 1970 : « Vaincus, nous errions dans les débris de nos concepts ». Cette année-là, il est accusé d’un double meurtre boulevard Richard Lenoir qu’il ne reconnut jamais. Pourquoi tuer la femme qui tenait la pharmacie Delaunay boulevard Richard Lenoir et sa préparatrice ? Pour la caisse ?

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Condamné à la perpétuité en 1974, Pierre devient en prison un étudiant hors pair et un écrivain. Ses «  Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France » marquent une génération. La dimension juive de sa personnalité apparaît de plus en plus nettement. Elle joue un rôle dans son second procès à Amiens en 1976.

Acquitté du double meurtre, Pierre achève rapidement la peine qu’il avait encourue pour ses hold-up. Libre, il vit avec Christiane, son épouse guadeloupéenne : son vrai pays natal est de l’autre côté de l’Atlantique. La nuit, il joue de la tumba jusqu’à l’heure où sortent les journaux,  et le jour il travaille à « Libération » et aux « Temps modernes » Mais a-t-il jamais travaillé ? Il est insaisissable.

En 1977 il choisit de publier « L’ordinaire mésaventure d’Archibald Rapoport ». Un roman picaresque, une farce philosophico- érotique. Le personnage est comme lui un juif habité de l’esprit de vengeance, il a fait des études de philo et c’est … un tueur. Il exécute un, deux, trois, quatre policiers, un, deux magistrats et jusqu’à un grand avocat qui n’est pas sans ressembler au sien, Georges Kiejman. Les soutiens historiques que Goldman a toujours eu dans l’intelligentsia apprécient modérément. Philippe Boucher dans « Le Monde » : « Il s’en faut de peu qu’il ne se vante d’avoir commis ce pour quoi il a été acquitté. »

Ce deuxième livre de Goldman, longtemps laissé sous le boisseau, est aujourd’hui réédité. C’est le dernier de l’auteur que trois hommes tuent de neuf balles sur le trottoir, en septembre 1979. L’assassinat est revendiqué par un groupe intitulé « Honneur de la police ». Trois hommes pour assassiner les trois vies de Goldman : révolutionnaire sans organisation mais non sans honneur, juif, artiste…

Bibliographie :

Pierre Goldman Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France Le Seuil

Pierre Goldman, L'Ordinaire Mésaventure d'Archibald Rapoport Séguier

Emmanuel Moynot Pierre Goldman, la vie d'un autre Futuropolis

Régis Debray Les Rendez-vous manqués (pour Pierre Goldman) Le Seuil

Jean-Paul Dollé L'insoumis Grasset

Discographie :

Chava Alberstein Zog Nit Keyn Mol (Ne dis jamais)

Cheo Marquetti Oriente

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