Quand la France cesse-t-elle d'être catholique ?

Intérieur de l'église de Montemart
Intérieur de l'église de Montemart ©Getty - 	Education Images
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Que s’est-il passé en un demi-siècle ? On peut nourrir l’hypothèse qu’il s’est produit une rupture de pente brutale dans les années 1960. Un effet de 68 ? Mais le processus était engagé avant.Un effet du Concile que Jean XXIII avait pourtant convoqué afin que le catholicisme se fasse entendre dans le langage du temps?

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« Mardi gras, t’en vas pas, je fais des crêpes et tu en auras… » Hélas, le lendemain, c’est immanquablement le mercredi des cendres et le départ du Carême et « Carême, tu jeuneras entièrement ». Le commerce du poisson en tirait naguère beaucoup d’avantages. Mais ce mercredi qui vient, c’est le 14 février, autant dire que le marché sera complètement occupé par la Saint-Valentin. Exit le mercredi des cendres.

En termes monétaires, le catholicisme ne pèse plus très lourd

Son capital s’est à ce point érodé qu’on se demande s’il est encore capable d’investir.  Si on parle maintenant géographie, la pratique régulière est passée sous la barre des 5% si bien qu’on ne peut plus la représenter vraiment sur une carte. Or cette carte, au début des années 60, même si elle était trouée de vastes zones d’indifférence, présentait des bastions apparemment inexpugnables et l’Eglise avait des raisons de professer un certain optimisme quant à son évolution. 

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Il est vrai qu’elle avait mis au point une grille d’obligations strictes, appuyées par des structures efficaces : l’enfance devait être sainte, la jeunesse fervente et même si l’ardeur diminuait chez les adultes, elle pouvait connaître un dernier ressaut avec la perspective de la mort. Dans les années 60, on comptait  au départ 94% de baptisés et, au bout d’une vie conçue comme « montante », les funérailles étaient quasi toujours catholiques.

Que s’est-il passé en un demi-siècle ?  

On peut nourrir l’hypothèse qu’il s’est produit une rupture de pente brutale dans les années 1960. Un effet de 68 ? Mais  le processus était engagé avant. Un effet du Concile que Jean XXIII avait pourtant convoqué afin que le catholicisme se fasse entendre dans le langage du temps ? Mais les pays protestants comparables en Europe ont connu la même débâcle. 

Et ce qui est le plus étonnant, c’est que la génération qui échoue soudain dans la transmission est emmenée par les plus brillants leaders qu’elle ait sans doute eus depuis longtemps. Résistants authentiques, intellectuels reconnus, militants d’Action catholique, prêtres ardents…

C’est à vous faire croire que la raison ne suffit pas à expliquer l’histoire.