Si les Français connaissent quelque chose de l’œuvre immense et sans fin de Robert Musil, c’est son portrait de l’Autriche-Hongrie à son crépuscule. Il l’appelait la Cacanie.
- Frédéric Joly essayiste et traducteur
Si les Français connaissent quelque chose de l’œuvre immense et sans fin de Robert Musil (1880-1942), c’est son portrait de l’Autriche-Hongrie à son crépuscule. Il l’appelait la Cacanie. C’était un immense empire, jeté comme un tapis multicolore au milieu de l’Europe et qui couvrait tant bien que mal des vides et des pleins, des plaies et des bosses.
Il contenait une population égale à celle qu’atteint aujourd’hui la France. La France, cent ans après l’enterrement de François-Joseph et le coup de grâce du traité de Versailles, n’est d’ailleurs pas sans ressembler à l’Autriche-Hongrie. Musil disait que l’enseignement y était dispensé de façon différente selon qu’on était d’une origine ou d’une autre, que l’administration y était tatillonne et en même temps ignorée, qu’il y était bienvenu de prôner le dynamisme mais pas trop. Bref, le pays avait derrière lui le meilleur de son passé.
On devine que Musil est bien davantage que le témoin d’un temps révolu. Son grand œuvre, c’est « L’homme sans qualités ». Ce livre a commencé à être publié à l’aube du nazisme et est resté inachevé au moment de sa mort en exil en Suisse en 1942; Musil ne pouvait l’abandonner : dans les circonstances qu’il traversait lui restait la force de son désir d’écrire. Ce livre, entrepris par un écrivain qui se situe entre les classes et les époques, reste ouvert à tous ceux qui…sans qualité particulière, se posent les questions morales fondamentales qui sont de tout temps.
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