À la date anniversaire de la fin du procès de Nuremberg, peut-on dire que la justice est passée, comme on le proclamait à son de trompe à l’époque ?
À la date anniversaire de la fin du procès de Nuremberg, peut-on dire que la justice est passée, comme on le proclamait à son de trompe à l’époque ? Les interrogations sur l’histoire du nazisme et sur celle de la Shoah qui, en tant que telle, n’était pas l’objet de Nuremberg, sont si évolutives, si vertigineuses ! Jean-François Lyotard avait cette formule : le tremblement de terre a brisé les instruments de mesure dont nous disposions.
Pour un historien comme Saül Friedlander, la difficulté a été aussi d’ajuster la distance à chaque étape de son travail. Son enfance, la vie de sa famille, celle de son peuple ont été traversées par la catastrophe : comment trouver les mots qui, sans rien renier de cette expérience, peuvent composer une histoire ? Avec le risque qu’à tout instant, un incident survienne alors qu’on a cru avoir organisé le passé sur le papier : ce peut être une agression venue du monde extérieur ou aussi bien une image inattendue – aussitôt remonte une mémoire profonde.
De même que s’achève l’ère des témoins des camps, s’achève la grande génération des historiens de la seconde moitié du XXe siècle à laquelle Saül Friedlander a appartenu, avec passion. Resteront de son travail plusieurs grands livres que nous évoquerons trop rapidement ici. Et aussi une leçon. Saül Friedlander a en effet enseigné dans plusieurs pays à la fois, retrouvé des documents rédigés dans plusieurs langues ; il s’est tenu aux côtés de juifs d’origines diverses; il a considéré les Églises, catholique comme protestante ; il a observé à la loupe tel individu et tenté aussi des vues panoramiques. La leçon, c’est que l’histoire du nazisme et de la Shoah doit être une histoire intégrée.
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