Simone Veil à l'Assemblée en 1974

Débat sur la Loi sur l'IVG en novembre 1974
Débat sur la Loi sur l'IVG en novembre 1974 ©AFP - AFP
Débat sur la Loi sur l'IVG en novembre 1974 ©AFP - AFP
Débat sur la Loi sur l'IVG en novembre 1974 ©AFP - AFP
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Simone Veil était inconnue du public quand elle entra au gouvernement après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing. A l’époque, on avait encore peu prêté attention à son passé à Auschwitz. Elle était simplement la ministre de la Santé, sans encore d’expérience politique.

Elle a toujours dit que la réforme fondamentale avait eu lieu avant elle. C’était la loi sur la contraception, arrachée par Lucien Neuwirth en 1967. Elle avait été votée sur la proposition d’un simple député. Valéry Giscard d’Estaing avait dit pendant sa campagne qu’il prendrait lui-même des initiatives en matière de condition féminine, comme on disait alors. Et il tint ses promesses : le divorce par consentement mutuel, l’allocation au parent isolé, la suppression du registre dans les hôtels qui permettait de repérer les couples illégitimes. Son conseiller numéro un, Michel Poniatowski, avait mesuré l’importance de l’enjeu de l’avortement. La loi de 1920 l’interdisant était encore en vigueur, il suffisait d’un juge d’instruction vindicatif pour la réveiller. 

Procès, pétitions, manifestations se multipliaient.

Ponia avait prévenu Simone : « Choupette, un jour, tu verras un commando occuper ton bureau et y pratiquer un avortement sauvage : il faut agir vite ».

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Plus que des autorités religieuses, la difficulté allait venir des parlementaires de droite. Valéry Giscard d’Estaing n’avait pas osé transformer son succès présidentiel par des élections législatives. L’Assemblée était donc la même qui avait déjà, l’année précédente, retoqué un texte bien moins libéral que celui de Simone Veil. 

La ministre entrait dans une arène qui ne lui était pas favorable. Elle a toujours voulu penser que ses pires adversaires ignoraient qu’elle avait été déportée. 

Autrement, comment Jacques Médecin aurait-il pu parler d’une loi nazie et Jean-Marie Daillet demander si les embryons seraient jetés au four crématoire ?

Dans la reconstitution de ce débat de novembre 1974 que nous avions faite en son temps avec les Comédiens français, au Vieux Colombier, Sylvia Bergé était Simone Veil, Michel Favory Michel Debré, Pierre Hancisse Lucien Neuwirth et Bruno Raffaelli le docteur Feït qui se rendit célèbre en faisant entendre à la tribune les battements du cœur d’un fœtus. Dans l’hémicycle, où l’atmosphère était tendue on entendait Alexis Chevalier, Grégoire Roqueplo et nos auditeurs.

A revoir : Cérémonie d'hommage national à Simone Veil