

Sully est resté en poste moins longtemps que Colbert – une douzaine d’années. Entre l’assassinat d’Henri IV, la disgrâce qui s’ensuivit et sa mort en 1641 s’écoulèrent trente ans d’effacement. Le souvenir de Sully n’a survécu à l’oubli que parce qu’il s’est façonné lui-même un statue.
- Gérard Vindt Historien et journaliste
Il disait qu’il avait « un emploi quasi général dans toutes sortes d’affaires et grande créance et absolue confidence dans l’esprit du roi. » Son rôle n’était pas étendu au domaine international comme le fut celui de Richelieu ou de Mazarin, il inaugura néanmoins ces duos souverain-ministre qui fonctionnèrent si souvent au long du XVIIème siècle. La comparaison répétée entre Sully et Colbert est devenue un lieu commun de l’histoire de France.
Sully est resté en poste moins longtemps que Colbert – une douzaine d’années. Entre l’assassinat d’Henri IV, la disgrâce qui s’ensuivit et sa mort en 1641 s’écoulèrent trente ans d’effacement. Le souvenir de Sully n’a survécu à l’oubli que parce qu’il s’est façonné lui-même un statue. L’énorme volume de Mémoires qu’il rédigea dans sa retraite, les « Sages économies royales », ressemble à un magma confus mais il sera réécrit plus tard et il contient cette pépite : Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée…
Autour de la mémoire de Sully a été construit un personnage consensuel. Sa fameuse maxime a été connue de tous les élèves, ceux des écoles républicaines mais aussi bien ceux des écoles catholiques – ce qui est un prodige pour un huguenot. Rien qu’à Paris, son nom est attribué à son ancien hôtel, à un pont sur la Seine, une porte du Louvre, un pavillon de Bercy. Et on ne citera pas les restaurants.
Son supposé désintéressement a fait beaucoup pour sa fortune posthume. Il est vrai qu’au service du roi il n’a fait que multiplier par huit ses revenus. L’enrichissement de Colbert a pris d’autres proportions.
Colbert dont l’anniversaire de la naissance, en 2019, sera glissé sous le tapis, pour de multiples raisons. Sully, lui, reste un astre, certes un peu déclinant mais qui verdit les prairies et mûrit les blés.
Bibliographie :
Sully. L'homme et ses fidèles de Bernard Barbiche, Ségolène de Dainville-Barbiche (Fayard).
Henri IV de Jean-Pierre Babelon (Fayard).
Henri IV de Jean-Paul Desprat (Tallandier).
Sully, héraut du labourage et du pâturage, article de Gérard Vindt dans la revue Alternatives économiques, n°389, avril 2019.
Film Henri IV le vert galant de Pascal Salamin et Georges Wodzicki.
Musique Le grand divertissement royal de Versailles de Lully par Skip Sempé.
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