- Myriam Tsikounas Professeur d’Histoire et Communication, Université Paris I
Le 1er octobre 1967, Georges Gorse, le ministre de l'Information du général de Gaulle, se réserve le soin de lancer la télé en couleurs. Portée par le fameux procédé Secam, elle a encore une allure expérimentale. Seulement 15% des récepteurs peuvent la recevoir automatiquement, sans de subtils réglages. A l'ORTF, on pense d'ailleurs que ses premiers pas se feront d'abord dans les cafés et les vitrines des commerçants d'électroménager...
Les familles, elles, en sont encore, et pour longtemps, au noir et blanc. Dans 95% des cas, le poste se tient dans la pièce commune. La première chaîne parvient à peine à se frayer un chemin dans certaines régions reculées et la seconde pointe seulement le nez. La publicité n'occupe que 7 minutes 30 et pour de bonnes causes : le lait ou le beurre de Normandie et le vin bien sûr, à condition qu'il soit de France.
La sédimentation se faisait ainsi à la télé, tranquillement. Pas de concurrence, pas de publicité de marques. Donc pas de sondages, comme en opère aujourd'hui la société Médiamétrie... On était bien heureux à Cognacq-Jay ou Joinville jusqu'à ce qu'un demi-siècle plus tard, un séminaire vienne faire un carottage dans les couches accumulées et nous ramène un échantillon de cette préhistoire.
Le Canard Enchaîné nommait alors la télé les étranges lucarnes mais que se passait-il vraiment, quotidiennement, au cours d'une semaine banale ?
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