Faulkner ne quitta guère le Sud, où il était né en 1897. Pourtant il ne cessa de le détester, tout en ne pouvant s’empêcher de l’aimer.
- François Pitavy Professeur émérite à l'Université de Bourgogne
Faulkner ne quitta guère le Sud, où il était né en 1897. Pourtant il ne cessa de le détester, tout en ne pouvant s’empêcher de l’aimer.
Sa petite ville d’Oxford lui rendait bien ses sentiments. Néanmoins son Prix Nobel de 1950 l’impressionna un peu ; elle ferma même ses magasins le lendemain de sa mort, en 1962. Mais pas plus d’un quart d’heure ! Aujourd’hui, elle est fière de faire visiter sa vieille demeure coloniale, expliquant que William y a mené une « vie de couple pétaradante ». Ce fut en réalité un désastre interminable, qui explique en partie ses innombrables crises de désespoir éthylique.
Au vrai, l’homme savait endurer. Il tenait étonnamment bien l’alcool. Il écrivait avec l’énergie d’un damné. Des nouvelles pour faire bouillir la marmite et qui préparaient les personnages et les situations des livres. Ceux-ci, aussi complexes que puissants, étaient habités par un désir prométhéen d’ouvrir de nouvelles voies à l’écriture.
L’écriture de Faulkner, c’est un perpétuel tour de force. Mais sur une scène souvent étroite. Il a érigé sa petite région du Mississippi en un comté fictif. La guerre de Sécession ne s’y est jamais finie. Elle est toujours là, devant les habitants qui, selon qu’ils sont noirs ou blancs, se tiennent de part et d’autre de la fracture qui reste ouverte.
C’est cet ennui de n’être que soi qui a donné à Faulkner l’envie d’écrire mais il resta toujours cet homme enchaîné à une ombre qui lui était assignée. L’ ombre du Sud, ou comment s’en débarrasser ?
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