

L'ancien conseiller de l'ombre de l'ancien Président a fait la Une cette semaine. Pourquoi un tel intérêt médiatique pour un homme à la parole pour le moins sujette à caution ?
Entre les deux… qui croire ?
Face à ce dilemme, les médias, pour la plupart, ont implicitement tranché, cette semaine, en accordant une large place aux propos de l’ancien conseiller de l’ombre.
La parole de Patrick Buisson est pourtant diablement sujette à caution. L’homme, ancien directeur de la revue Minute, a été condamné par la justice pour atteinte à la vie privée, et reste mis en examen pour détournement de fonds publics. Mais cela n’empêche pas une intense couverture journalistique. Pourquoi ?
D’abord en raison de la fascination exercée par toute plongée supposée dans les coulisses du pouvoir. Comme une version moderne (et petit joueur !) d’une rencontre avec Mazarin.
Le conseiller du Prince. Une lecture de Machiavel en direct. Avec un arrière-plan shakespearien : la trahison d’un proche, la vengeance. Othello, Iago.
Le parfum d’un grand « classique » qui nous rappelle nos cours d’Histoire ou de Littérature.
Mais avec une « sauce » 21ème siècle : feuilleton pathétique avec séquence people. Voir les pages du livre de Patrick Buisson consacrées au rôle de Carla Bruni. Bref un curieux mélange d’ingrédients de la tragédie classique et du soap opéra de télé.
Parfait pour la Une.
Une relation pathologique
2ème paramètre, la relation entre Nicolas Sarkozy et les journalistes: l’ancien chef de l’Etat entretient avec bon nombre de journalistes, une relation étrange, parfois presque… pathologique. Une addiction mutuelle, entre fascination et répulsion.
Nicolas Sarkozy séduit la presse. Par son charisme. Ses talents de bateleur. Son sens de la formule. C’est une source inépuisable de sujets, un « bon client » ; il crée délibérément la polémique, et les polémiques, souvent, font vendre. L’ancien Président constitue donc, pour les médias, une sorte de « personne ressource » !
Mais en même temps, il entretient avec de nombreux journalistes une relation de quasi détestation. Depuis plus de 15 ans, les incidents et accrochages individuels se sont accumulés, souvent sur le mode agressif, voire menaçant.
Et surtout, la presse sent bien que Nicolas Sarkozy se joue d’elle. Exemple lors du mois écoulé : en multipliant les propos polémiques, du climat aux Gaulois, l’ancien président a contraint les médias, souvent malgré eux, à lui accorder une attention permanente.
Du coup, une partie de la presse a sauté sur l’occasion du « pavé Buisson » pour prendre, plus ou moins consciemment, sa revanche sur cet « agenda imposé »…
Cette relation… pathologique n’est décidément pas en voie de guérison.
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