François Fillon a disparu

François Fillon
François Fillon ©AFP - PASCAL GUYOT
François Fillon ©AFP - PASCAL GUYOT
François Fillon ©AFP - PASCAL GUYOT
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Etrange séquence politico-médiatique il y a 48 heures, lorsque François Fillon s'est éclipsé pendant 4 heures. Une tactique de com' qui répond aux critères de l'info en continu.

8h10 avant-hier matin. Le communiqué tombe sur les boîtes mail des journalistes : « la visite de François Fillon au Salon de l’Agriculture est reportée ». C’est le début d’une « séquence » qui va durer 4h30, jusqu’à la déclaration publique du candidat LR.

Tout ici témoigne d’une « tactique » de communication délibérée, qui répond aux canons de l’information en continu.

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Plutôt qu’un communiqué neutre du style : « Je suis convoqué chez le juge mais je poursuis ma campagne », l’option retenue est inverse : faire monter la sauce, dramatiser ! Avec les ingrédients adéquats, les 3 "s" : surprise, suspense, solennité.

Acte 1 : la surprise de 8h10

Traduction : François Fillon a disparu ! Branlebas de combat dans les rédactions. On pense à ce célèbre jour de mai 68 où De Gaulle s’éclipsa toute une journée, « l’épisode Baden Baden ».

Acte 2 : le suspense

9h45, nouveau mail. Convocation de la presse à Midi pour une déclaration mystérieuse.

La boîte à rumeurs fantaisistes s’ouvre alors plein pot, notamment sur les réseaux sociaux. Ici on annonce que Pénélope Fillon est chez le juge, là qu’ Alain Juppé va se présenter aux côtés de François Fillon. Le grand n’importe quoi !

A Midi, le candidat tarde à apparaître, la dramatisation monte encore d’un cran. L’attente durera 30 minutes, même certains médias pourtant généralistes comme France 2, basculent en édition spéciale. Alors qu’il ne se passe… rien !

Le moment est étrange : comme si certains journalistes se prenaient, avec gourmandise, pour les acteurs d’une série télé sur le monde politique, Borgen, House of Cards !

Acte 3, midi et demi : la solennité de la contre-attaque

Puis arrive le moment paroxystique, le candidat apparaît.

François Fillon s’en prend aux juges, un peu aussi aux journalistes. Les mots sont forts : "viol de l’Etat de droit", "assassinat politique".

L’écho médiatique est maximal. Parce que le feuilleton, shakespearien, est fascinant… Parce que, le suspense a été entretenu toute la matinée… Du coup toute la presse est là !

Et parce que les propos sont violents… Ils portent ! Ils détournent l’attention : l’appel au peuple l’emporte sur la probable mise en examen, reléguée au second plan.

Un communiqué sibyllin n’aurait pas eu pareil impact. A cet instant T, la tactique de communication a … porté ses fruits. Mais un coup tactique réussi ne fait pas une stratégie gagnante.

Après ce succès médiatique provisoire est venu un revers politique : la division au sein du camp LR. Et là, ni les magistrats ni les journalistes ne peuvent être désignés à la vindicte populaire, comme responsables de l’hémorragie.

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