
Exemplaire.
Tout le processus journalistique des « Panama Papers » est… exemplaire.
400 journalistes mobilisés dans 107 médias de 76 pays différents, le tout pendant 9 mois.
Pour éplucher 11 millions de fichiers.
Et au bout du compte : la confirmation étayée de l’existence d’un système organisé d’évasion fiscale, à une échelle mondiale.
214.000 entités offshore mises au jour.
Cette enquête, c’est la réponse journalistique à la mondialisation économique.
Une réponse initiée par Wikileaks il y a 5 ans et rendue possible par la combinaison de 3 ingrédients…
- d’abord, l’essor de compétences techniques : le journalisme de données, la capacité à décoder des fichiers, à échanger des informations de façon cryptée.
- Ensuite, le diagnostic lucide de patrons de presse de toutes nationalités qui, pour la première fois, coopèrent pour répartir le fardeau et mieux résister aux éventuelles interventions extérieures.
- Enfin et surtout, la régénérescence d’une vitalité démocratique chez bon nombre de journalistes : la volonté de faire fi des connivences, des pressions, des difficultés économiques, pour dénoncer la corruption et défendre la transparence.
C’est la presse dans ce qu’elle a de meilleur.
Protéger les lanceurs d'alerte
Mais la lutte pour la transparence, c’est comme la lutte contre le dopage.
Ça ne s’arrête jamais. Au moment où vous découvrez un produit dopant, un autre, plus élaboré, est déjà en cours de préparation.
En l’occurrence, deux textes déterminants vont conditionner la capacité de la presse à enquêter.
Le premier est un projet de loi français, arrivé avant-hier au Sénat.
Il vise à mieux protéger les « sources » des journalistes, les « lanceurs d’alerte » sans lesquels jamais ces informations ne seraient mises au jour. Dans le cas des « Panama Papers », tous les fichiers proviennent d’une source anonyme. Elle n’a pas demandé un centime, elle a juste peur pour sa vie. Cela en dit long.
Le texte proposé par l’Assemblée Nationale constitue une avancée notable sur ce sujet. Puisse le Sénat aller dans le même sens. Le deuxième texte est européen. C’est la directive sur le secret des affaires, qui revient pour un vote final dans une semaine au Parlement de Strasbourg.
Bien que remanié, le texte persiste à vouloir mettre des bâtons dans les roues à l’enquête journalistique. En particulier quand elle porte (tiens tiens !), sur les médicaments, les pesticides, ou la pollution des véhicules.
Au nom de la protection des secrets commerciaux, les géants de la pharmacie, de la chimie, ou de l’automobile, pourraient donc être mis à l’abri du travail d’investigation.
La transparence n’est pas prêt d’être un objectif unanimement partagé…
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