La sondagite

Sondage dans la rue à Paris
Sondage dans la rue à Paris ©Getty - Jeff Greenberg
Sondage dans la rue à Paris ©Getty - Jeff Greenberg
Sondage dans la rue à Paris ©Getty - Jeff Greenberg
Publicité

N'en jetez plus ! A 7 mois et demi de la présidentielle, les sondages sont déjà quasi quotidiens. Comment expliquer cette passion des médias pour les "enquêtes d'opinion" ?

C’est une fièvre dont la température ne va cesser de grimper… La campagne débute à peine, et nous sommes déjà… inondés par les sondages !

Près d’une dizaine en 15 jours ! Alors même que ces enquêtes, pour la plupart, ne sont… pas fiables !! Certains sondeurs le reconnaissent d’ailleurs hors micro.

Publicité

Exemples.

D’abord, les enquêtes sur la primaire de la droite et du centre. Regardez leurs échantillons. Pas le nombre total de personnes interrogées, non : le nombre de personnes qui, dans ce total, pensent voter à la primaire. Entre 600 et 300. 300 personnes. Fiabilité de l’enquête : nulle.

Deuxième exemple, il y a encore deux jours, un sondage sur la présidentielle. Personne ne sait qui seront les candidats pour les principaux partis de gouvernement. Et il y a une telle marge d’erreur (regardez, là encore, les fiches techniques de ces enquêtes, 2, 3, 4 points de marge d’erreur) que le résultat n’a… pas de sens ! En tous cas pour l’instant !

Madame Soleil

Et pourtant les médias publient et commentent à gogo ces enquêtes… Pourquoi la sondagite ?

D’abord, il y a le culte du chiffre, prégnant dans nos sociétés. L’obsession de la quantification, la croyance dans le fait que le chiffre est, en soi, une vérité. Ensuite, il y a l’illusion de se croire prophète. Les médias adorent se prendre pour Madame Soleil. « Regardez-nous dans le fond des yeux, nous prédisons l’avenir…».

Il y a aussi parfois un calcul politicien : une partie de la presse française est partisane, chaque titre demande donc à un institut de sondage de formuler son questionnaire de la façon présumée la plus favorable à son poulain. Quatrième paramètre : la personnalisation croissante de la vie politique. Ce ne sont pas tant les idées qui comptent, que les individus, a fortiori avec la présidentielle au suffrage universel.

La sondagite, c’est l’assurance de la course de petits chevaux permanente. Le sondage c’est le réflexe pavlovien, à tout bout de champs.

Avec des conséquences… C’est la prophétie autocréatrice. A force d’annoncer quelque chose, ce quelque chose survient.

Les sondages légitiment le favori, qui ainsi l’emporte. Et les primaires renforcent le processus : les électeurs de tel camp vont préférer celui des candidats auquel les enquêtes donnent le plus de chances de s’imposer face au camp d’en face.

La sondagite fait loi.

Il reste 226 jours d’ici au premier tour de la présidentielle. On devrait donc avoir droit, peu ou prou, à 226 sondages !!

Faites comme avec l’alcool… Consommez avec modération !

L'équipe