Faut-il décevoir ses enfants ?

Les enfants peuvent décevoir leurs parents… mais les adultes déçoivent toujours leurs enfants !
Les enfants peuvent décevoir leurs parents… mais les adultes déçoivent toujours leurs enfants ! ©Getty - 	Peter Cade
Les enfants peuvent décevoir leurs parents… mais les adultes déçoivent toujours leurs enfants ! ©Getty - Peter Cade
Les enfants peuvent décevoir leurs parents… mais les adultes déçoivent toujours leurs enfants ! ©Getty - Peter Cade
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Certes, les enfants peuvent décevoir leurs parents… mais qu'en est-il de l'inverse ? Les parents souvent déçoivent leurs enfants, mais ils n'ont en fait pas vraiment le choix. Parce qu'être parent, au fond, c'est la plus belle des missions impossibles !

Comment voulez-vous ne pas être un parent décevant ? 

Comment voulez vous être un parent à la hauteur ? 

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À la hauteur de toutes ces exigences contradictoires qui pèsent sur leurs épaules : il faut aimer ses enfants sans tout leur passer, être toujours là pour eux sans être toujours sur leurs dos, il faut être toujours prêt à discuter, mais en même temps incarner l’autorité

Bref, pas besoin de s’appeler Ethan Hunt et de ressembler à Tom Cruise pour avoir des missions impossibles : il suffit d’être parent ! 

Il y a donc de bonnes chances que l’on soit déçu par ses parents mais au fond ce n’est pas grave ! Parce qu’il n’y a pas vraiment d’alternative. 

Les parents eux mêmes travaillent à leur propre disparition. Le philosophe Hegel le résume en une formule choc : 

La naissance des enfants, c’est la mort des parents. 

Ce qui veut dire qu’avoir des enfants c’est accepter de mourir. Accepter de ne plus être le centre du monde, attester qu’il y a désormais un être, un enfant, qui n’a rien demandé et qui pourtant compte plus que tout. Le temps de la vie n’est alors plus seulement le temps de sa propre existence. 

Mais être parent c’est aussi pouvoir transmettre et continuer de vivre à travers ses enfants. Oui mais là encore, c’est une mission bien difficile ! Parce qu’elle repose sur une équation un peu étrange. 

Comme le remarque cette fois la philosophe Hannah Arendt, les parents doivent à la fois protéger leurs enfants des dangers du monde et en même temps les parents doivent protéger le monde de leurs enfants qui veulent précisément changer le monde qu’on leur transmet. 

Quand on est parent on est donc pris entre l’enclume du passé à transmettre et le marteau du futur à inventer ! 

À ce compte là , il y a de bonnes chances que l’on déçoive ses enfants. On ne sera jamais assez moderne pour eux. Mais c’est tant mieux ! Parce que les parents ont aussi cette responsabilité de transmettre la continuité du monde, précisément pour que les enfants puissent ensuite le changer. 

C’est le jeu des générations, le battement de cœur de l’histoire. 

Il faut donc aussi savoir décevoir ses enfants, savoir que l’on ne peut pas vraiment faire autrement,  mais le faire de la manière la plus fine possible, la moins brutale possible, parce que c’est sans doute cette douce déception là qui permet aux enfants d’inventer leur propre manière d’être libre et de décider à leur tour un jour, d’être parent ou pas...