Il y a des signes qui ne trompent pas.

France Inter
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Il y a des hommes, il y a des femmes qui, paraît-il, ont la main verte...

Il y a des hommes, il y a des femmes qui, paraît-il, ont la main lourde. Ou bien la main heureuse – les mains pleines, par conséquent. Il parait que certains ont le cœur sur la main. D’autres se battent à mains nues, et parfois n’y vont pas de main morte. Il en est même qui applaudissent des deux mains – comme s’il était possible d’applaudir avec une seule… Il y en a qui ont deux mains gauches, ou alors les mains liées, tandis que d’autres ont les mains libres. Certains donnent des coups de mains, ou mettent la main à la pâte – quand ils n’ont pas un poil dedans. Et puis il y en a qui parlent avec les mains. Ou dont les mains racontent des choses qu’eux-mêmes ne disent pas. Et c’est apparemment le cas du président de la République.

"Hollande est candidat… avec les mains !" C’est le titre du papier que signe Serge Raffy dans les colonnes de L’OBS… Pour ses plus proches amis, plus aucun doute : le chef de l’Etat sera candidat à sa succession. Et ce sont ses menottes qui le disent, ainsi que l’explique l’un de ses conseillers à l’Elysée… L’ancien maire de Quimper, le fidèle Bernard Poignant : «Désormais, durant ses discours, il s’accroche à son pupitre avec ses deux mains. Il s’avance de tout son corps, comme s’il voulait étreindre son auditoire. Et c’est un geste qu’il ne fait que lorsqu’il est en campagne.»

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Et, comme d’autres proches de François Hollande, Bernard Poignant est convaincu que le président annoncera très bientôt sa candidature. Entre le 28 novembre – date de la désignation du candidat de la droite et du centre – et le 8 décembre, jour où le PS fournira la liste de ses candidats pour les législatives de juin. Si l’on en croit ce conseiller, Hollande sera donc candidat. D’ores et déjà, ses mains le disent. Et c’est un signe qui ne trompe pas.

Toutefois, à gauche, il en est d’autres qui pourraient éventuellement se laisser tenter par l’aventure… Et, pourquoi pas, l’actuel ministre de la Défense… C’est, du moins, ce que croit savoir Nicolas Domenach – il le dans CHALLENGE. Les ambassades se multiplient auprès de Jean-Yves Le Drian pour le pousser à se présenter à la présidentielle. Des députés bretons, et d’autres, lui répètent par ailleurs que « Hollande et grillé, Montebourg inconsistant », et que lui seul, avec sa popularité de granit, pourrait incarner «une alternative solide face à la droite et l’extrême-droite ». Ce à quoi Le Drian répond pour l’instant uniquement en citant le nom du Premier ministre (ce qui laisse penser que François Hollande devrait passer la main).

Alors, Manuel Valls ira-t-il ? Eh bien, selon LE MONDE, il y pense de plus en plus. Dans le journal, Bastien Bonnefous revient sur l’intervention que le chef du gouvernement a faite, ce jeudi, à Berlin. Il était invité pour un forum économique, durant lequel on lui a demandé de décrire le profil du « meilleur candidat » de la gauche pour 2017… Question un peu glissante, mais que Valls n’a pas écarté du revers de la main…

« C’est celui ou celle, a-t-il dit, qui permet de préserver le modèle républicain français. Un modèle qui repose à la fois sur l’autorité et la bienveillance. » Jusque-là, rien de suspect dans sa bouche. Mais il a précisé aussitôt que ce candidat idéal devait également remplir une autre condition, à savoir : « dire les choses ». On sait que le Premier ministre a toujours fait de ce qu’il appelle le « langage de vérité » l’une de ses marques de fabrique… Certains, parmi l’assistance, ont donc vu là comme un autoportrait à peine voilé. Ce que lui-même n’a pas nié : « Je m’arrête car je risque d’avoir des ennuis », a-t-il conclu en s’esclaffant. Un signe qui ne trompe pas.

Et à droite, qui se frottera les mains ?

La réponse, ce sera demain soir. Car c’est donc demain qu’on connaîtra les résultats du premier tour de la primaire organisée pour la droite et le centre. Et on verra si l’un ou l’autre des candidats s’imposera haut la main. « Primaire : le jour de vérité », titre LE FIGARO, avec une photo des affiches de campagne des sept candidats. Photo de leur visage à la Une du PARISIEN : « Demandez le programme : c'est le jeu des sept différences »… Et le quotidien détaille donc les propositions de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson et Nathalie Kosciusko-Morizet…

Vous lirez ainsi ce qu'ils préconisent pour la fiscalité, le chômage, les retraites, la sécurité, l'éducation, la laïcité… Visiblement, l'environnement est passé à la trappe. Les points communs, les désaccords : c'est également ce que propose ce matin LE TELEGRAMME. Un comparatif détaillé. Et puis également, çà et là : le mode d'emploi de cette primaire. « Comment voter à la primaire », titre ainsi LE COURRIER PICARD, tandis que PARIS NORMANDIE pose à sa Une cette question : « Faut-il croire les sondages ? » Après l'élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, c'est l'une des questions du moment.

Faut-il croire les sondages ? Et puis faut-il croire les médias ? C’est l’interrogation à la Une de LIBERATION. Une interrogation latine : « Médias culpa ? »

Depuis la victoire de Trump, les journalistes américains sont sous le feu des critiques et nombreux, aujourd’hui, se remettent en question. Ils n’ont pas vu, pas entendu, la colère monter dans le pays, projetant notamment leurs convictions morales sur des électeurs qui, au final, ont voté sur d’autres critères… Et, donc, désormais, la plupart tente de réfléchir à cette déconnection. Pourquoi donc ce fossé entre le peuple et ceux qu’on surnomme les élites ?

En France, sur ce sujet, le débat fait rage également. Et, d’ailleurs, il n’est pas nouveau. Il y eut Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002… Il y eut le référendum sur la constitution européenne en 2005… Et, chaque fois, donc, on a entendu les mêmes choses : haro sur les « élites » qui ne comprennent rien à rien !

« Mais qui, aujourd’hui, pourrait nous donner une idée précise de ce que sont les élites ? », se demande Bruno Frappat dans sa chronique de LA CROIX. « Où se tiennent-elles cachées ? » « Si on veut les éradiquer, comme on rêve d’éradiquer les terroristes islamistes, il faut alors se dépêcher de lancer le combat », écrit-il. « Fermons les facs, les grandes écoles, les cinémas d’art et essai. Fermons donc les laboratoires et tous les centres d’excellence. Et puis décrétons qu’à l’avenir, on choisira les plus mal formés pour faire de la politique, les plus mal lunés, les malotrus de la pire espèce pour échapper à ce syndrome de l’élitisme d’où nous viennent tous les maux de la République ! » Et le chroniqueur de conclure : « Plus d’élite, plus de soucis. Plus de librairie, plus d’artiste et plus de journaux tant qu’on y est ! » Que les « élites » se soit trumpés, c’est une chose, mais je ne suis pas certain – pas davantage que Frappat, qu’un pays sans élites soit effectivement la bonne solution.

Dans la presse, je vous conseille par ailleurs le reportage d’Anna Sylvestre-Treiner dans LIBERATION : « En Côte d’Ivoire, ‘pour vivre gays, vivons cachés’. Deux hommes viennent d’être condamnés à trois mois de prison ferme pour homosexualité. « Outrage public à la pudeur, acte contre-nature avec individu du même sexe. » Et, en appliquant pour la première fois une loi vieille de vingt ans, ce pays réputé progressiste ne fait plus désormais office de refuge en Afrique… En Côte-d’Ivoire, les homosexuels se cachent. On les traite de « femmelettes », de « démons », de « déviants », on les accuse de se « comporter comme des animaux » et les agressions se multiplient. « Vous, les pédés, on va vous tuer un à un », a ainsi entendu Moussa, jeune Nigérian qui, parce qu’il était homosexuel, s’était réfugié à Abidjan. Et ceux qui lui ont lancé ça l’ont attaqué à coups de couteau. Il est aujourd’hui dans un état critique à l’hôpital.

Et puis, plus léger pour finir, car il y a de bonnes nouvelles dans les journaux parfois. Comme celle-ci, dans les pages ‘Médias’ du PARISIEN… « France Inter surfe sur de bonnes ondes ! » Et un record historique, ça se fête ! C’est Benoît Daragon qui raconte : « Jeudi soir, après avoir découvert que France Inter avait dépassé pour la première fois de son histoire la barre des 6 millions d’auditeurs quotidiens, Laurence Bloch, la patronne de la station, a filé chez le coiffeur et elle a suivi à la lettre le conseil qu’elle répète inlassablement à tous ses animateurs : ‘Soyez punk !’ Laurence Bloch s’est donc fait teindre les cheveux en rouge, la couleur de la station ! Un sacrifice capillaire à la hauteur de la performance. En gagnant 600.000 auditeurs, la radio publique a chipé à NRJ la place de deuxième radio du pays. »

En semaine, le pic d’audience est autour de 8 heures. Le samedi, c’est autour de 8 heures 30. D’ailleurs, vous sentez frétiller les micros ? Ils applaudissent des deux mains. C’est un signe qui ne trompe pas.

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